Glyphosate : comment sortir de l’impasse ?

Entre inquiétudes, impasses techniques, interdiction programmée prévue dans 3 ans en France et dans 5 ans en Europe, difficile de comprendre le sujet du Glyphosate. Pour y voir plus clair, nous avons organisé un forum en ligne révélant des informations peu connues comme cette tolérance à l’import, prônée par l’Europe, qui nous fait consommer des produits ne répondant pas à nos normes. Vous découvrirez aussi la dépendance de l’agriculture au Glyphosate et comment des passerelles se mettent en place pour allier les nouvelles technologies à une agronomie de qualité, sans oublier les pratiques culturales anciennes. En introduction de cette synthèse, les témoignages d’un agriculteur et d’un chercheur qui bousculent bien des idées reçues !

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Le seul herbicide non rémanent

Fabien LABRUNIE, co-président de l’Association BASE, céréalier pratiquant l’agriculture de conservation des sols depuis 10 ans

Aucun agriculteur n’est le défenseur du Glyphosate, comme de tout autre produit phytosanitaire.
A l’instar de la médecine qui utilise les médicaments, l’agriculture emploie certains produits pour défendre les cultures au sein d’un environnement naturellement hostile (la Nature s’oppose toujours à ce que l’Homme lui impose).
En bio, ces produits se limitent à ce qui est d’origine naturelle (minérale ou végétale) alors qu’en agriculture conventionnelle, on accepte, en plus, l’emploi des produits de synthèse.
Le Glyphosate est aujourd’hui le seul herbicide total non rémanent existant sur le marché : c’est très important de bien comprendre ce que cela signifie.

Un débat dogmatique

Un herbicide est un produit de synthèse qui, pour simplifier, empêche la circulation de la sève dans les plantes qui en reçoivent en quantité suffisante sur leurs feuilles (et uniquement par cette « porte d’entrée »). C’est l’arrêt de la production de sève qui tue les plantes visées.
Le fait qu’il soit « total », signifie qu’il ne trie pas les plantes : on n’en met donc jamais directement sur les cultures en France, sinon, elles mourraient dans les jours qui suivent le traitement.
Le fait qu’il soit « non rémanent » est primordial. C’est ce qui permet de détruire un couvert végétal (adventice* ou engrais vert) et dès le lendemain de semer la culture suivante sans craindre que cette dernière ne soit gênée par les résidus éventuels du traitement au Glyphosate.
Cette molécule s’est créée un monopole au sein des herbicides totaux, justement parce qu’elle est la seule à ne pas être rémanente. Elle est efficace, son emploi est simple, elle accepte les réductions de dose très importantes pour les graminées par exemple. Son brevet est tombé dans le domaine public, ce qui en fait de surcroît un produit peu onéreux.
A l’inverse de ce que pensent beaucoup de ses détracteurs, les gros industriels américains ou allemands ont très peu d’intérêt à défendre le Glyphosate, très souvent fabriqué en Chine. A se demander s’ils n’ont pas volontairement laissé faire l’acharnement médiatique de ces derniers mois : si le Glyphosate était interdit, ils pourraient ainsi vendre des produits beaucoup plus chers, certainement bien moins durables et bien moins efficaces.
Concernant le débat actuel sur le Glyphosate, il est mené de manière dogmatique par ses détracteurs. Il est bien moins dangereux que d’autres produits phytosanitaires, que bon nombre de substances phytopharmaceutiques et meme que beaucoup de produits du quotidien, quand il est employé dans les règles normales de sécurité. Si le Glyphosate est attaqué, c’est uniquement parce qu’il représente un symbole. Pour les «anti-science», Glyphosate = Monsanto = OGM.
Si l’on est contre l’emploi de toute sorte de produits de synthèse, alors on doit interdir le Glyphosate ainsi que tous les autres produits utilisés en agriculture conventionnelle mais aussi tous les médicaments et produits de synthèse (peinture, teinture, laque, etc…).

Allier le bio et l’agriculture de conservation

Si, comme moi, on pense qu’il faut aller vers une agriculture plus respectueuse de l’environnement mais suffisamment productrice pour nourrir les milliards d’êtres humains que nous sommes et que nous serons, alors, il faut opter pour un savant alliage entre le bio et l’agriculture de conservation.
Cette dernière, que je pratique depuis une dizaine d’années, est basée sur un travail du sol absent ou hyper réduit, une couverture quasi-permanente de la terre et une baisse très significative de l’emploi des produits phyto. Elle a pour conséquence de réduire à néant l’érosion anthropique des sols, de stocker un maximum de carbone (donc de diminuer sensiblement l’effet de serre), d’accroître de manière très importante la vie du sol et de continuer à avoir un bon niveau de rendement des cultures.
Toutes ces vertus en font une agriculture hyper durable : personnellement, je n’emploie plus aucun insecticide ni aucun régulateur de croissance et j’ai divisé par 3 l’emploi des fongicides et la consommation de carburant sur mon exploitation. Tout ça, en gardant le même niveau de production. Le seul défaut actuel de cette agriculture de conservation des sols, c’est qu’elle nécessite de temps à autres, l’emploi d’un herbicide total non rémanent.
Qu’il s’appelle Glyphosate ou autre, peu importe : la clé pour ne pas avoir à labourer les sols, c’est de pouvoir, quand c’est nécessaire se débarrasser des adventices pour donner toute sa chance à la culture. Je ne sais pas si la science permettra à court terme de trouver une alternative chimique au Glyphosate. Avant la chimie, l’homme avait trouvé la seule alternative qui fonctionne : le travail intensif du sol. C’est comme ça que l’agriculture biologique arrive à limiter les adventices* mais c’est aussi à cause de ça que les rivières sont marron et qu’il y a des coulées de boues, que nos sols perdent tout le carbone qu’ils ont stocké depuis des millénaires et que l’on consomme toujours plus de pétrole pour nos machines agricoles.
Le rêve de beaucoup de précurseurs serait d’arriver à faire de l’ABC : Agriculture Biologique de Conservation, mais ce n’est pour l’instant qu’un rêve. Le retrait total du Glyphosate empêcherait indéniablement l’essor de l’agriculture de conservation. ■
*mauvaises herbes

 

L’expertise d’un chercheur agronome

Xavier Reboud, chercheur à l’INRA, UMR Agroécologie de Dijon et chargé de mission à la direction Scientifique Agriculture à Paris

Le Glyphosate est une molécule chimique classée comme pesticide. C’est la matière active du Round up de Monsanto. Elle est utilisée pour son action herbicide. Cette molécule interfère avec la chaine de synthèse des acides aminés dont les plantes ont besoin pour fabriquer leurs protéines. Plus précisément le Glyphosate inhibe l’activité d’une enzyme, l’EPSP synthase. Elle a par ailleurs d’autres effets non exploités, dont une affinité pour les métaux ainsi qu’une action antibiotique.

Quelles propriétés

Le Glyphosate a deux propriétés jugées très intéressantes pour son activité herbicide. Il est systémique c’est-à-dire qu’il migre via la sève dans l’ensemble du ‘‘système’’ et atteint donc tous les tissus de la plante, notamment son système racinaire. Il tue tous les végétaux avec toutefois des différences de sensibilité entre espèces. Cela est dû au fait que tous les végétaux partagent ce seul et même mécanisme de synthèse. Le Glyphosate est le seul parmi les herbicides connus à avoir cette double propriété. Actuellement, il est unique dans sa catégorie, donc sans équivalent.
Il est particulièrement efficace pour désherber des couverts végétaux présentant une grande diversité d’espèces puisqu’il les contrôle toutes. Il détruit mieux que beaucoup d’autres molécules les plantes vivaces du fait qu’il peut atteindre leur système racinaire. Il est utilisé pour faire place nette quand il faut nettoyer une prairie pour implanter une autre culture, ou pour gérer les levées d’adventices apparues dans la période entre deux cultures, donc avant d’en implanter une autre.
Les propriétés du Glyphosate ont été découvertes et brevetées dans les années 1970 ; le brevet est tombé dans le domaine public en 2000 et de nombreuses sociétés produisent et commercialisent du Glyphosate. Devenue très abordable financièrement, c’est la molécule pesticide la plus commercialisée au monde. Rien qu’en France il s’en est épandu un peu plus de 9 000 tonnes en 2017. Ce succès est aussi la cause de ses difficultés. On la retrouve presque partout, y compris dans des matrices avec lesquelles on va entrer en contact : sol, eau, et parfois aliments.

Les risques sanitaires

Le risque sanitaire est défini comme le produit de la dangerosité et de l’exposition. Le gaz domestique est dangereux mais on n’est en général pas exposé. Les scientifiques peinent à trouver un consensus sur la dangerosité car elle n’est ni majeure, ni aiguë. En revanche, tous s’accordent à dire que l’exposition est devenue forte ce qui, de fait, la rend préoccupante, notamment pour les organismes qui y sont sensibles dans l’environnement.
Plus largement, certains systèmes agricoles se sont construits autour de son usage, le célèbre cas des cultures OGM, comme les variétés Roundup-ready commercialisées par Monsanto, illustre bien cela. Interdits de culture en France mais pas partout en Europe, les produits OGM sont en revanche importés sous forme d’amidon de maïs ou de tourteau de soja. Plus proche de nous, certains agriculteurs veulent entretenir ou restaurer la vie de leurs sols agricoles et pour cela ils s’obligent à ne pas recourir au travail mécanique du sol. Sans labour, le Glyphosate est précieux pour faire place nette.
On voit toutefois que cette dépendance participe à son usage massif. C’est autant la dépendance que l’évolution du risque qui conduit à vouloir s’en affranchir.

Les alternatives

Sortir du Glyphosate ne va pas être facile car beaucoup d’autres changements ont eu lieu en 40 ans. L’un des changements majeurs est la diminution du nombre d’agriculteurs. Avec des surfaces toujours plus grandes à gérer, ces derniers privilégient les solutions jugées efficaces et, si possible, peu chères. C’est le cas du Glyphosate. Ses caractéristiques en font un herbicide assez universel pour gérer différentes situations, en milieux tempérés comme en situation tropicale (dans les DOM par exemple).
Les alternatives existent dans de nombreux cas, mais sans doute pas encore assez, ou pas de manière exclusive. Elles jouent sur trois moments clés : empêcher l’installation des plantules (jeunes plantes) ou que des plantes se développent, leur éviter de grainer ou de se multiplier végétativement pour limiter les infestations futures. Pour y parvenir on peut les détruire, ne pas leur laisser de place, les sortir de l’endroit où elles gênent. Pour agir, on peut compter sur des actions mécaniques, sur la rigueur hivernale, sur les régulations biologiques. Toutes sont intéressantes, surtout combinées, car aucune n’a d’efficacité instantanée équivalente à un désherbage chimique.
Le biocontrôle, précédemment nommé ‘‘lutte biologique’’, qui consiste à favoriser les organismes régulant les espèces que l’on souhaite contrôler, reste largement à construire pour gérer les chardons, les rumex, l’ambroisie. Dans chaque parcelle agricole il y a plusieurs espèces et pas de moyen de régulation biologique connu pour chacune d’entreelles. On tente d’exploiter l’adage que les ennemis de nos ennemis sont nos amis ! Certaines chenilles mangent des liserons, certains coléoptères mangent l’ambroisie…
L’économie des filières doit être mobilisée car elle peut permettre de prendre en charge certaines d’entre-elles qui posent problème : les trieurs optiques sur les chaines de conditionnement peuvent retirer une partie des débris et végétaux qui ne sont pas des petits pois ou des haricots pour la conserve. Plus généralement la labellisation peut rendre viable des cahiers des charges plus ou moins contraignants. Ainsi l’agriculture biologique n’utilise pas de Glyphosate.
Toute la production ne peut toutefois pas facilement être conduite sous cahier des charges car la France équilibre sa balance commerciale en vendant sur le marché mondial ou dans l’espace européen. C’est ce gros volume de collecte et de transformation qui génère l’activité des filières et fait de la France un pays agricole de premier plan. Difficile d’y renoncer car cela sert aussi à rentabiliser les infrastructures et installations que nous utilisons pour nos besoins, y compris via des filières spécialisées. Renoncer à ces exportations, c’est aussi à court terme accroitre pour nous le coût de leur amortissement.
La labellisation et les aides conditionnelles sont deux leviers très connus et utilisés pour orienter les pratiques agricoles.
Il y aussi de nouveaux secteurs à construire pour valoriser ce qui peut l’être. Les débris et graines adventices qui montent dans la moissonneuse contribuent à entretenir la population des adventices et repousses qui posent problème pour implanter une nouvelle culture. On appelle cette fraction les menues pailles. Si on peut les capter à la récolte on peut imaginer les valoriser dans des chaines de méthanisation ou pour les poulaillers. Ce serait sans doute très pertinent d’accélérer le montage de ces filières en appui du retrait annoncé du Glyphosate. ■

 

Quelles réponses au Glyphosate ?

Participants à l’e-forum du 4 juillet 2018
Fabien LABRUNIE co-président de BASE, céréalier pratiquant l’agriculture de conservation des sols depuis 10 ans
Xavier REBOUD chercheur à l’INRA, UMR Agroécologie Dijon et chargé de mission à la direction Scientifique Agriculture, Paris
Sébastien ZANOLETTI directeur Innovation et Développement durable de l’UGPBAN, consultant pour l’Institut Technique tropical
Cécile CLAVEIROLE pilote du réseau Agriculture de France Nature Environnement  

 

UN MARCHÉ AGRICOLE MONDIAL DÉPENDANT

Deux-tiers des exploitations l’utilisent en France
Xavier Reboud
À la louche 1/3 des parcelles a reçu du Glyphosate l’année dernière mais 2/3 des exploitations l’utilisent de manière sporadique ou régulière. Il reste donc des cas où l’agriculture se fait sans Glyphosate, comme en agriculture biologique.

Marché global et marché local
Xavier Reboud
Selon que l’on valorise sa production sur un circuit court ou de niche ou que l’on fait face à la concurrence du marché mondial, les facilités à sortir du Glyphosate sont très contrastées !
Pour celui qui peut faire valoir ses méthodes de travail vertueuses et s’ajuster à la marge le prix, cela semble jouable. Plus dur en revanche pour celui qui vend du vin de table en concurrence directe avec des vins d’autres pays de la Communauté européenne ou d’Amérique du Sud ! Les marchés qui possèdent et entretiennent une plus-value à travers une appellation, un label, un signe de reconnaissance sont mieux armés.
L’agriculture biologique, qui n’utilise pas le Glyphosate, est dans cette logique. C’est celle qu’il faut développer : comment généraliser audelà de l’AB sans multiplier à l’infini les labels ! La traçabilité des matières premières agricoles sera vraisemblablement mobilisée.

La tolérance à l’import de l’Europe
Sébastien Zanoletti
Le Glyphosate n’est certainement pas irremplaçable mais il faut laisser le temps aux producteurs de mettre en place des alternatives durables d’un point de vue écologique, économique et social. S’il est retiré, il doit l’être également pour les produits importés en Europe qui n’ont absolument pas les mêmes règles en termes phytosanitaires. Les producteurs des pays tiers, fournissant le marché européen, continuent d’utiliser des pesticides interdits en Europe, souvent sans aucune contrainte. Parfois même, des pesticides qui ne sont plus autorisés en Europe depuis des décennies, voire qui n’ont jamais été autorisés par l’UE (atrazine, ddt, aldicarbe, picoxystrobine, etc.).
La Commission européenne appelle cela « la tolérance à l’import » en vue de favoriser les échanges commerciaux. C’est un sujet de fond pour la défense de notre agriculture qui repose sur une prise de conscience des consommateurs.

Espoir sur la loi Alimentation
Cécile Claveirole
Il semblerait que la prochaine loi sur l’alimentation acte cela, en fermant les portes de l’UE aux produits non conformes … à suivre !

Le Glyphosate : la partie émergée de l’iceberg
Cécile Claveirole
Le Glyphosate n’est aujourd’hui que la face apparente de l’iceberg des produits phytosanitaires (PP), appelés aussi produits de protection des plantes, pour faire moins peur !
La fabrication des PP de synthèse est basée sur l’industrie du pétrole, et rend les agriculteurs dépendants des quelques multinationales qui les fabriquent et qui, par ailleurs, contrôlent les semences.

DES SOLUTIONS PLUS LARGES QUE LA SEULE AGRONOMIE

Un écosystème de science dure mais pas que !
Xavier Reboud
Plusieurs expérimentations sont à prendre en compte :

  • des choix de couverts d’interculture, dont certains gélifs, pour que le froid hivernal opère
  • des questions sur la caractérisation des hétérogénéités. La génétique peut vouloir renforcer le caractère de robustesse de certaines cultures face aux adventices
  • mobiliser les animaux d’élevage pour gérer les dessous des arbres et les périodes d’interculture
  • des systèmes de culture innovants qui restent à inventer
  • l’attitude des consommateurs.

Bref, des solutions beaucoup plus larges que la seule agronomie.

Le Glyphosate a empêché les innovations
Xavier Reboud
Avant le Glyphosate existait une main d’oeuvre mobilisable pour les exploitations. Ce n’est plus le cas maintenant. La désertification des campagnes constitue le signal qui induit le non retour. Je dirais volontiers que le Glyphosate a empêché les innovations.
Nous devons mobiliser le machinisme pour fabriquer de outils petits, autonomes, avec un centre de gravité proche du sol. Sans doute avons-nous déjà toutes les briques technologiques. Il faut avoir la volonté de les assembler pour générer un marché qui fera baisser les prix et rendra la technologie accessible à tous.

Créer une mixité agricole
Cécile Claveirole
Beaucoup de choses restent à imaginer pour transformer ces modèles. Si on parle de la nécessaire diversification des cultures, il faut créer de nouvelles filières de commercialisation. Par exemple, si vous cultivez des lentilles, ou des pois chiches, il faut créer une nouvelle filière commerciale de cette production pour l’alimentation humaine. Les coopératives doivent donc se mouiller un peu pour construire un nouveau silo et un débouché commercial. De même si vous voulez cultiver de la luzerne ou du trèfle, et que vous n’avez pas de voisins éleveurs, ce qui est le cas dans la plupart des zones céréalières aujourd’hui, nous ne saurez pas quoi faire de ces produits !

Réajuster le verdissement de la PAC
Xavier Reboud
Un pilier de la PAC, celui du verdissement, nécessite une certaine diversification sur les exploitations. On pourrait imaginer une aide plus incitative afin qu’un agriculteur ait intérêt à ajouter une 8ème culture, là où il en cultive 7 ou une 9ème, là où il en cultive 8 ! Au lieu de niveler, on apporterait une reconnaissance des savoir-faire ! Ainsi, on ouvrirait la voie à de nouvelles manières de pratiquer l’agriculture dans les territoires.

Allier connaissance empirique et modernité
Xavier Reboud
La jachère permettait la gestion des adventices, de régénérer la fertilité avec de l’engrais vert, de nourrir les animaux contribuant, eux aussi, à la fertilisation.
D’autres moyens de gérer la fertilisation existent, comme la méthode de ‘‘faux semis’’ consistant à stimuler les levées puis à passer une herse pour les éliminer. Méthode efficace mais qui réclame plusieurs passages. Ces chantiers prennent du temps ce qui explique qu’ils soient peu utilisés malgré leur efficacité.
Bien des idées sont à reprendre qui ne doivent pas être considérées comme des retours en arrière. Elles peuvent être très technologiques, mobilisant les capteurs, l’agriculture de précision, etc.

Utilisation sur « ordonnance »
Xavier Reboud
Pourrait-on imaginer des systèmes sans pesticides, ou d’autres encore où les pesticides seraient utilisés comme des médicaments, sur ordonnance, quand la situation le justifie ?

SENSIBILISER, ACCOMPAGNER ET TRANSMETTRE

Le changement n’est pas un saut dans le vide
Cécile Claveirole
Le changement de pratiques, nécessaire et attendu, pour pouvoir se passer du Glyphosate est certes une grande étape, mais pas un saut dans le vide ! De nombreux agriculteurs l’ont mis en oeuvre au quotidien. Des expérimentations et des références existent. Les agriculteurs peuvent se rapprocher de collègues qui travaillent dans ce sens, dans les CIVAM par exemple qui sont des associations regroupant des agriculteurs cherchant ensemble des alternatives.

La Nature ne s’oppose pas à l’Homme
Cécile Claveirole
L’épisode Glyphosate nous montre que nous avons vraiment besoin de travailler sur un autre modèle d’agriculture, qui ne s’oppose pas à la nature, mais qui travaille avec elle, avec les interactions naturelles et particulièrement puissantes du milieu. La Nature ne s’oppose pas à l’Homme, elle ne fait que réagir quand on veut la réduire à ce qu’elle n’est pas. Travailler avec la Nature, comme dans les arts martiaux, c’est se servir de ses formidables leviers pour faciliter la production de biomasse, laquelle produit notre nourriture, nos matières premières etc.
FNE ne prône pas que la sortie du Glyphosate, mais la sortie des pesticides de synthèse de manière globale. Car il ne servirait à rien de remplacer cette molécule par une autre peut-être encore plus néfaste. Il s’agit bien de construire des modèles de production résilients qui puissent se passer de produits de synthèse, par une régulation intrinsèque aux agro-éco-systèmes, par une moindre exigence et par une acceptation de la baisse des rendements. Puisque l’agriculteur baisse son niveau de charges, en faisant plus ou moins appel aux pesticides de synthèse, il augmente son revenu disponible.

Le consommateur acceptera-t-il un fruit tâché ?
Sébastien Zanoletti
Nous allons bientôt tenter de commercialiser une banane naturellement résistante aux maladies. Seul problème, sa peau est fine et fragile. Nous allons voir si le consommateur accepte un fruit dont la peau peut être tâchée.




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