Territoires : un monde en mutation

Au moment où les maires sont en première ligne face aux interrogations de leurs concitoyens et aux aléas d’une crise sans précédent, leur 95ème Congrès met l’accent sur « la place des territoires dans un monde en mutation ». Quatre maires anticipent les défis de l’énergie, de l’urbanisme et de la démographie, des progrès technologiques et des évolutions sociales. Tour d’horizon de leurs démarches reproductibles, pour des territoires vivants.

« Quand on sait que la France a importé plus de 61 milliards d’euros d’énergies fossiles en 2011, c’est quand même plus urgent que certains débats dont on nous serine les oreilles ! » On ne saurait être plus clairvoyant que Jacky Aignel, maire de Saint-Gouëno et vice-président de la Communauté de Communes du Mené, en charge des énergies renouvelables. Cette collectivité est l’une des premières et l’une des seules de France à s’être fixé une ambition de taille : 100 % d’EnR en 2030. A l’origine de ce pari, un souhait : diversifier les activités de ce territoire rural et agricole, et s’atteler au défi de l’énergie qui alourdit les prix de revient des récoltes. En 2003, les élus de la collectivité bretonne ont décidé de prendre le temps d’en envisager l’avenir. Ils partent en Allemagne et en Autriche observer ce qui se fait dans les villes les plus avancées, et reviennent avec la certitude qu’il faut lancer des projets d’énergies renouvelables. Après l’analyse du potentiel de leur territoire menée par un cabinet d’études, ils ressortent de leurs cartons le projet d’une unité de méthanisation des lisiers.
Aujourd’hui, l’usine tourne à plein régime. Elle traite 35 000 t de lisiers agricoles et 40 000 t de coproduits issus des abattoirs locaux de Kermené, qui fournissent les magasins Leclerc. « Elle produit 14 millions de kWh par an, revendus à EDF », souligne Jacky Aignel. Une trentaine d’agriculteurs sont associés à ce projet, aux côtés de la Caisse des Dépôts et Consignation et du groupe IDEX. « Les agriculteurs sont les moteurs de notre transition énergétique. Ils se sont également associés pour la construction d’une huilerie, qui valorise le colza en carburant pour les tracteurs et en nourriture pour les animaux d’élevage. » Cette huilerie produit des tourteaux de soja qui se substituent aux volumes importés. Ils couvrent entre 60 % et 100 % de l’alimentation des bovins du coin, réduisant d’autant la dépendance des agriculteurs aux tourteaux provenant des Etats- Unis, d’Argentine ou du Brésil, bien souvent OGM. Deux chaudières à bois alimentent des bâtiments communaux et des logements, et trois nouvelles sont en projet. Mais la plus belle réalisation, c’est sûrement celle d’un parc éolien de 6 MW, dont le capital est détenu à 30% par 137 personnes du Mené ! « Les éoliennes tourneront d’ici mars 2013, annonce Jacky Aignel. Les seules résistances furent administratives : si les habitants des environs sont financièrement intéressés au projet, ça marche. »

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