Eric Verlhac, le nouveau directeur général de l’Association des maires et présidents d’intercommunalité de France (AMF), est un fin connaisseur de la vie des collectivités locales, fil rouge de sa carrière professionnelle. Son dernier poste d’inspecteur général du Développement durable au ministère de la Transition énergétique et solidaire, pendant plus de 10 ans, a renforcé son approche pragmatique d’un territoire où le développement économique va de pair avec le respect de l’environnement.
Du lycée Cabanis aux services de l’État, diplômé de Sciences Po Paris, sa carrière l’a mené au coeur de nombreux ministères : Bercy, l’Équipement, la Justice, les Collectivités locales et l’Outre-mer.
« J’ai démarré ma carrière comme directeur de Cabinet du maire de Chalon-sur-Saône, Dominique Perben. Sensible au développement industriel, ce dernier considérait qu’il n’était pas contradictoire avec la dimension écologique. Il avait créé, dès 1986, une Maison de l’environnement à Chalon, avec des animations pédagogiques pour sensibiliser notamment les grosses entreprises de cette vallée industrielle au bord de la Saône et réussir une préservation écologique au coeur de l’économie.
Par la suite, j’ai eu la chance de travailler au ministère de l’Outre-mer. J’y ai découvert les grands défis environnementaux de ces territoires. J’ai pu constater les premières graves atteintes aux éco-systèmes du lagon de Mayotte ou de la Polynésie française », ou la question du traitement des déchets dont le retard, dans les années 90, par rapport à la Métropole.
Pour Eric Verlhac, le respect de l’environnement fait partie des valeurs qu’il faut transmettre, sans idéologie culpabilisante avec le sens des responsabilités individuelles. « Le maire est au premier rang de cette écologie du quotidien. Il doit sensibiliser les citoyens pour qu’ils aient un comportement écologique, limitent le gaspillage alimentaire, utilisent au mieux les fonds publics. L’écologie du quotidien c’est aussi une bonne organisation des services publics.»
À un moment où il faut affronter la complexité du millefeuille territorial et où des enjeux comme ceux de la transition énergétique, la politique de l’eau, des déchets, le sujet des intercommunalités, la révision des grandes politiques publiques qui, d’une certaine façon, ponctionne les recettes, le maire est le premier maillon et le dernier recours pour le citoyen. Il tient beaucoup de manettes dans ses mains, ses préoccupations sont nombreuses dans un monde difficile et mouvant.
L’efficacité énergétique fait face à un défi financier où les communes sont au premier rang. Eric Verlhac connait bien le sujet des passoires énergétiques, et comment rendre efficace l’accompagnement des ménages : « Ce sont les habitations privées qui sont les plus concernées. Il faudrait au moins réviser 50 000 logements par an avec un coût moyen de 18 000 euros. Les entreprises privées captent les dispositifs fiscaux et l’efficacité énergétique rapide au départ tend ensuite à stagner. Seule une massification des interventions avec le changement des chaudières, l’isolation extérieure et celle des combles, pourraient apporter de vrais progrès ». Le constat est que la précarité énergétique touche d’abord les ménages les plus modestes.
Eric Verlhac a accompagné plusieurs projets d’envergure parmi lesquels : le pilotage un peu baroque entre un syndicat mixte et l’État à travers l’opération du rétablissement du caractère maritime du Mont Saint-Michel ou la réforme de 2006 de la gouvernance des parcs nationaux, avec des réalités locales très différentes de la Guyane au Mercantour Il souligne les menaces dues au dérèglement climatique. La gestion des territoires peut être impactée à l’exemple de la Vendée avec la tempête Xynthia ou Irma à Saint-Martin, sans parler des inondations fluviales.
Le nouveau directeur général de l’AMF connait bien tous les rouages de l’administration, toutes les réalités du terrain. L’Association, qui vient de fêter ses 110 ans, trouve là un équipier solide pour relever les nombreux chantiers qui s’annoncent, notamment la réforme fiscale et constitutionnelle. ■