Voilà un livre qui mérite que vous l’emmeniez avec vous. Nous sommes loin des savants sentencieux ou des faux admirateurs de la nature, qui ont tout du Trissotin.
Laurent Tillon, chargé de mission à l’Office national des forêts, intervient pour que la gestion forestière prenne en compte la biodiversité. Chiroptérologue (spécialiste des chauves-souris), il pilote et anime également des réseaux naturalistes.
Si vous le suivez, vous allez comprendre l’appel de la forêt et ces jours de septembre où les cervidés en forêt de Rambouillet se reproduisent « la bête sauvage se fait entendre ». Laurent Tillon finit par surprendre ce premier « raire », le chant du cerf, qui lui fait ressentir une forme de connexion bienveillante avec la Nature comme si les liens qui nous unissent à elle s’exprimaient secrètement.
Ce sont bien des secrets qu’il nous révèle. Après avoir lu son livre vous ne vous baladerez plus jamais en forêt de la même façon. Cette Nature, située entre ville et forêt, est pleine de surprises.
Savez-vous qu’il existe un laboratoire pour concilier ces enjeux contradictoires comme préserver la biodiversité forestière et produire du bois. Ce labo « contribue à améliorer les connaissances scientifiques. Rien qu’en 2016 et 2017, ses chercheurs ont découvert de nouvelles espèces d’insectes en France, dont une en Guadeloupe, et ont décrit cinq espèces jusque-là inconnues de la science ». Mais, pour rencontrer la biodiversité qui nous entoure, même dans le bois de Boulogne, il faut savoir écouter, observer.
Notre auteur n’est pas partisan d’un discours moralisateur mais d’une nouvelle approche remplaçant « l’opposition constante entre les différents enjeux pour une vision plus optimiste et une lecture de la nature et de l’environnement comme un verre à moitié plein plutôt qu’à moitié vide. »
Il veut bien nous donner les clés de son royaume et suggère qu’en ouvrant nos sens à la nature, nous améliorerons notre bien être.
Extravagances arboricoles, Laurent vous apprendra que toucher un tronc d’arbre un matin peut vous faire prendre conscience de toute la puissance qui s’en dégage. La sève dans les arbres de 20 mètres de haut met 16 heures pour atteindre les feuilles.
Il nous dépeint une nouvelle spécialité d’ingénieurs urbanistes : les fourmis. La fourmi rousse des bois peut construire un dôme de 2 mètres de haut. Et autres « insectes sociaux » abeilles, termites, capables de construire de véritables villes souterraines.
Savez-vous ce qu’est le masting ? C’est le comportement de reproduction des arbres : « Les arbres produisent tout en même temps, leurs fleurs et leurs pollens pour optimiser la réussite de leur reproduction ».
La graine du chêne, par exemple, arrivant au sol à l’automne, sert de nourriture aux petits mammifères. Aussi, les arbres en produisent beaucoup pour avoir une chance de voir quelques glands en réchapper. L’année suivante, la pénurie de glands entraîne la disette et une baisse de la population chez les rongeurs.
Cà, c’est pour vous donner un petit aperçu de tout ce que vous apprendrez dans ce livre, comme des faits inexplicables. Souvenons-nous de ces deux tempêtes extraordinairement violentes de 1999 (Lothar et Martin). Elles ravagèrent « des milliers d’hectares de forêts et firent pourtant peu de dégâts chez les animaux. Des automobilistes en forêt de Rambouillet ont rapporté avoir vu des hardes de cerfs, de sangliers, de chevreuils, sortir massivement de la forêt dans la nuit, plusieurs heures avant le début des vents ». Comment peut-on expliquer cela ?
Suivez Laurent Tillon, il vous rend attentif à cette nature et vous relie à elle, pour bénéficier de ses indéniables pouvoirs. ■