Nous sommes loin d’un verre de picrate ou de bibine pris sur le zinc dans un roman de Simenon. Ici, les auteurs sont de distingués scientifiques : Jean Rosen, agrégé, directeur de recherche émérite au CNRS à l’Université de Bourgogne et Jacky Rigaux, auteur de nombreux livres dont une ode aux grands vins de Bourgogne. Pourquoi écrivent-ils sur les vins de Bordeaux ? Pour montrer qu’il existe une autre viticulture que celle pratiquée aujourd’hui, une viticulture qui produit un excellent vin et fait « parler le terroir. »
On apprend beaucoup de choses dans ce petit livre. Par exemple, l’histoire du vin fin dans les terres bordelaises où la Révolution Française, en faisant passer les vignobles qui appartenaient au clergé en « des mains paysannes » a privé – selon le spécialiste Roger Dion « la viticulture f r a n ç a i s e d’une élite de praticiens, conservateurs fidèles, des plus parfaites méthodes de culture et de vinification. »
Ainsi, l’on privilégia la quantité de vin à sa qualité. « La Révolution Française eut pour conséquence de faire passer brutalement une structure foncière médiévale à la modernité qui affecta tous les vignobles français, y compris les vignobles historiques comme la Champagne, la Bourgogne et le Bordelais… » Ainsi, selon nos auteurs, le 19ème siècle fut le fossoyeur du vin fin.
C’est l’histoire de ces viticulteurs d’aujourd’hui, qui veulent retrouver le vin fin, que nos deux auteurs racontent, aidés en cela par des contributions éclairées de Marc-André Selosse ou José Vouillamoz. À votre santé. ■