Une ambition : l’attractivité du territoire

François Zocchetto, maire de Laval et président de Laval Agglomération, nous décrit la difficile mission des élus de terrain et les nombreux défis du développement durable pour les collectivités.

Valeurs Vertes : Face aux incertitudes financières comment pouvez-vous relever les défis environnementaux et sociaux de plus en plus complexes ?
François Zocchetto :
Dans une période où il est demandé beaucoup aux collectivités locales, et notamment aux communes, la double contrainte financière et normative est particulièrement difficile à assumer. Sujet de débats politiques, élément crucial de la gestion publique, la protection de l’environnement est devenue le sujet qui préoccupe de plus en plus nos concitoyens et qui, par voie de conséquence, revient au plus près des territoires et donc des élus locaux. Nos concitoyens attendent aujourd’hui a minima une prise en compte dans les politiques publiques et dans le meilleur des cas, la mise en oeuvre d’actions spécifiques.
Les défis sont nombreux pour une collectivité, car le sujet du développement durable s’affiche dans toutes ses composantes : l’alimentation avec les questions de traçabilité, de circuits courts et du bio dans la cantine ; l’urbanisation et la politique de logement ; les mobilités et les déplacements…
Sur le territoire de Laval Agglomération, nous avons adopté un projet qui a été conçu comme un outil prospectif. C’est un cadre pour agir. Il n’est pas – et ne doit pas être – la somme de toutes les actions envisagées pour un mandat. Il est un document stratégique, fixant le périmètre de nos interventions et de nos priorités. Nous devons savoir nous adapter, car nous enfermer dans une liste d’actions risquait de nous en faire oublier certaines, voire même de refuser des opportunités pouvant se présenter au cours du mandat. Car le monde change vite et l’environnement économique, social et sociétal est en perpétuel mouvement.
Cette approche transversale se concrétise dans les politiques conduites mais aussi dans le cadre d’une approche ouverte et partenariale associant les acteurs publics ou privés et les citoyens, sur l’ensemble du spectre d’actions de nos collectivités : déplacements, habitat, déchets, énergie…mais aussi au sein même des services (exemplarité environnementale).
Affirmer une ambition environnementale signifie à l’évidence faire évoluer notre gouvernance et imaginer de nouveaux modes d’actions dans tous les domaines communautaires.

V.V. : Quelles sont vos priorités en matière de transition énergétique et de gestion des déchets ?
F. Z. :
À partir de notre projet de territoire, nous avons fixé trois objectifs principaux pour notre action en faveur d’un territoire durable.
Tout d’abord la définition d’un plan de déplacement qui laisse place à une politique de transport audacieuse. Nos collectivités sont confrontées à la nécessité d’assurer une offre de transport cohérente sur leur territoire, prenant en compte les attentes des salariés pour les parcours domicile/travail. Elles doivent également envisager l’évolution de leurs services face au vieillissement de la population. A partir d’un certain âge, les citoyens se rapprochent des centres villes et sont davantage consommateurs de transports urbains.
Second objectif, agir sur l’habitat. La diminution des familles nombreuses et le vieillissement de la population créent de véritables bouleversements de société. Plus spécifiquement, la production d’habitats neufs est dynamique en première couronne de notre agglomération, quand la ville centre peine à produire à hauteur de la demande des habitants. L’offre d’habitat en centre-ville ou centre-bourg, quant à elle, est ancienne et a du mal à se renouveler. Enfin, la recherche de densité est souvent mise à mal par le mitage des activi vités et des services, au risque de fragiliser les commerces de proximité. L’habitat sur le territoire doit donc répondre à l’ensemble des besoins des habitants. C’est pourquoi nous nous sommes dotés d’un Plan Local de l’Habitat (PLH) dynamique.
Enfin, troisième objectif, faire de notre agglomération un territoire exemplaire en matière environnementale. Cela passe par une politique très incitative à la réduction des déchets. Nous avons atteint très vite les objectifs du Grenelle de l’environnement quant à la part des déchets valorisés. Dans le même temps, nous avons réduit la part dédiée à l’enfouissement ou à l’incinération des déchets ménagers. Enfin, les nouvelles consignes de tri ont été très vite mises en place. Cette action volontariste et incitative nous a permis de baisser la TEOM (Taxe d’Enlèvement des Ordures Ménagères).
Dès 2017, Laval a été la première ville de France à posséder un réseau de chaleur qui distribue de la chaleur produite à partir d’énergie locale de récupération. Celle-ci est issue de la valorisation de déchets non recyclables, auparavant promis à l’enfouissement. L’énergie est ainsi produite par la combustion en chaudières de granulés CSR (Combustible Solide de Récupération). Ce projet d’ampleur, ambitieux, allie innovation et écologie et représente aussi une chance pour nos concitoyens. Ainsi, les locataires du parc social ont désormais accès à une énergie très compétitive, stable financièrement et sûre. En effet, grâce au réseau de chaleur Laval Énergie Nouvelle (Coriance et Séché Eco-Industrie), notre ville acquiert, pour près de 7 000 équivalents-logements, une véritable autonomie face aux fluctuations des tarifs du gaz et du pétrole.

V.V. : Comment préserver l’attractivité économique de votre territoire ?
F. Z. :
Il ne faut pas, à mon sens, opposer économie et préservation de l’environnement. Le développement des entreprises et la nécessaire prise en compte d’un volet environnental dans l’action publique locale, ne sont pas antinomiques.
La responsabilité des élus est de veiller à un bon équilibre des deux, tout en assurant des conditions harmonieuses et favorables de croissance des entreprises ou d’implantation de nouveaux projets.
Notre territoire connait, comme beaucoup d’autres, des changements importants de son environnement. Depuis le début de notre mandat, le développement de l’attractivité économique et du marketing territorial de Laval Agglomération est devenu une nécessité. En effet, la démarche du marketing territorial permet de mobiliser les acteurs locaux et de créer des dynamiques vertueuses en stimulant les initiatives et en étant source de fierté d’appartenance. Cette création de liens entre tous les acteurs institutionnels et privés constitue l’un des facteurs clés de réussite des territoires les plus performants.
Les entreprises ne sont pas des structures hors-sol déconnectées de leur territoire d’implantation. Elles ont compris que, face aux défis de l’attractivité des compétences auxquelles elles sont de plus en plus confrontées, il fallait tenir compte de leur environnement.
Au sein de notre agglomération, nous avons une équipe dédiée à ces questions. Nous accompagnons les chefs d’entreprises dans leurs besoins de recrutements en leur fournissant les outils pour « vendre » notre territoire, raconter son histoire, ses atouts, ses spécificités (Laval est la capitale mondiale de la Réalité Virtuelle et Augmentée).
Nous souhaitons mettre en évidence le cadre de vie, les services (pas de liste d’attente importante pour la scolarisation ou les places de crèches…), la facilité d’accès et le désenclavement grâce à l’autoroute et la LGV mettent Laval à 70 minutes de Paris. Cette démarche de marketing territoriale veut valoriser ceux qui font et souhaitent mettre les acteurs en première ligne. Notre rôle est ainsi de raconter notre territoire, de lui donner corps, de le rendre attractif en sortant de la discrétion légendaire mayennaise.
L’enjeu de l’attractivité est en effet de taille pour les communes et leur agglomération, car celle-ci aura de nombreux impacts : – économiques et financiers ; – sociaux (avec la création d’emplois et l’arrivée de nouvelles clientèles) ; – culturels (avec le partage de cultures et une plus grande ouverture sur le monde et sur les autres) ; – techniques avec la stimulation des secteurs, des filières et des savoir-faire d’excellence.
L’attractivité de notre territoire n’est pas qu’une ambition : c’est notre obsession quotidienne. ■




Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *