Paprec, leader sur le marché en matière d’économie circulaire et de recyclage des plastiques, propose, entre autres, aux collectivités locales des débouchés pérennes garantis et le maintien des emplois locaux. Entretien avec Sébastien Petithuguenin, directeur général de Paprec Group.
Valeurs Vertes : La feuille de route sur l’économie circulaire met en exergue l’interdiction de certains plastiques. Peut-on collecter et recycler 100% des plastiques ? Quelles conséquences économiques pour la filière ?
Sébastien Petithuguenin : L’objectif de la feuille de route qui prévoit 100% de plastiques recyclés à l’horizon 2025, très ambitieux à court terme, définit une bonne direction. Dans cette perspective chaque metteur en marché se doit de répondre à deux questions : mon produit estil conçu pour le recyclage en fin de vie ? Quelle proportion de plastiques recyclés contient-il ? L’économie circulaire c’est penser à ces deux dimensions.
L’écoconception est particulièrement importante dans le domaine du plastique. Il faut dès le départ intégrer la fin de vie du produit, son évolution dans son cycle de vie.
Le plastique, par ses qualités de résistance extrême et sa très grande légèreté, permet d’économiser plus de CO2 que d’autres matériaux, alors sans lui comment pourrions réussir une économie bas carbone et lutter contre le réchauffement climatique.
Cet objectif de forte montée du recyclage constitue une bonne vision politique à long terme qui engage le secteur vers une véritable révolution industrielle. Les entreprises de la plasturgie doivent modifier et adapter leurs outils de transformation et procédés pour intégrer plus de recyclé et se moderniser. Elles savent que l’avenir de leur activité en dépend. Ces entreprises ont démarré et sont prêtes à accélérer fortement, à condition que les outils économiques soient mis en place par des aides aux investissements et une fiscalité appropriée qui encourage les acteurs faisant le choix de l’économie circulaire. La fiscalité écologique peut être efficace à condition d’avoir une traçabilité sur les taxes levées, d’être « fléchée » vers le financement de la révolution du recyclage.
V.V. : La fermeture du marché chinois va-t-elle inciter les entreprises à trouver de nouveaux débouchés ?
S.P. : La fermeture de la Chine aux importations de films plastiques va entraîner une relocalisation des sites et des emplois vers d’autres pays, en Asie et partiellement en Europe et en France.
Les recycleurs européens collectaient et triaient des films en polyéthylène basse densité (PEbd) dont les entreprises chinoises étaient friandes. Les Chinois les réceptionnaient sous forme de « balles », ils les importent à présent sous forme de granulés. Cette activité est dorénavant interdite en Chine.
La relocalisation de l’industrie de lavage et de granulation des films plastiques est en cours. La Malaisie, l’Indonésie, et le Vietnam en absorbent déjà une partie et le déménagement des usines chinoises va continuer. D’autres unités vont se développer et créer des emplois en Europe, comme dans notre usine plastique en Normandie. Paprec, leader français du recyclage plastique avec ses 12 usines dédiées, possède un savoir-faire qui lui a permis de développer une solution pérenne. Notre pari c’est de développer cette boucle vertueuse « made in France ».
V.V. : Comment aider l’Asie et l’Afrique, à entrer dans le cycle du recyclage et de l’économie circulaire ?
S.P. : Dans ces pays, avant même le recyclage, c’est la gestion des déchets qui pose problème. Notre filiale en Inde développe et exploite des décharges propres, des sites de stockage de déchets qui ne polluent pas l’environnement. Ces solutions permettent d’éviter la prolifération de déchets sauvages qui mettent en danger les populations.
Ce n’est qu’une première étape, importante pour le futur. Nous ne pouvons pas, dans le contexte actuel, rester sur des acquis historiques, il faut agir. Nous avons vu combien la pollution des océans mobilise l’opinion publique. ■