Voies Navigables de France (VNF) indique que le trafic fluvial de marchandises est resté stable dans l’hexagone en 2018 par rapport à l’année dernière, malgré des conditions climatiques particulièrement défavorables tout au long de l’année (crues ou au contraire, niveaux d’eau extrêmement bas). Le trafic intérieur de marchandise est en croissance, grâce au dynamisme des bassins Seine-Oise et Rhône-Saône. Les secteurs de l’agroalimentaire et des matériaux de construction sont les principaux utilisateurs du transport fluvial de marchandise.
« Dans un contexte perturbé par des évènements climatiques exceptionnels, Voies navigables de France est satisfait de voir que la demande de transport fluvial a été robuste en 2018, ce qui montre la performance de ce mode de transports pour plusieurs secteurs industriels importants » déclare Thierry Guimbaud, Directeur général de Voies navigables de France.
Le trafic fluvial de marchandises est globalement resté stable en France en 2018 par rapport à l’exercice précédent, avec 51,7 millions de tonnes transportées (-1,7% par rapport à 2017), représentant près de 6,7 milliards de tonnes-kilomètres (-0,5% en t-km).
Cette stabilisation du trafic fluvial s’explique notamment par la concomitance de deux phénomènes climatiques exceptionnels, qui ont impacté durablement la navigation sur les 4 principaux bassins fluviaux nationaux : des crues importantes en début d’année sur la Seine et le Rhône, puis des étiages (basses eaux) de forte amplitude et de longue durée au second semestre sur le Rhin et la Moselle. Ces éléments ont engendré une diminution de trafic estimée à environ 335 millions de t-km.
Les experts de Voies navigables de France estiment que, sans ces aléas climatiques, la croissance du transport fluvial aurait pu être supérieure à 4% en 2018, avec un trafic proche des 7 milliards de t-km.
Un trafic intérieur de marchandises en croissance, grâce au dynamisme des bassins Seine-Oise et Rhône-Saône
Le trafic fluvial intérieur de marchandises a connu une croissance soutenue en 2018 (+5,9% en t-km soit presque 4,2 milliards de t-km et +5,2% en tonnes avec 27,9 millions de tonnes transportées), en raison des forts niveaux d’échanges opérés sur deux axes :
- le bassin Seine-Oise, qui a enregistré une croissance en volume de 3,8% en tonnes (représentant 21,5 millions de tonnes transportées) et de 3% en t-km (3,5 milliards de t-km), malgré des crues d’un niveau historique au 1er trimestre ;
- le bassin Rhône-Saône, qui a connu une croissance élevée des volumes transportés (+7,8% en tonnes, soit 5,6 millions de tonnes) et des t-km réalisées (+5,2% en t-km km, soit presque 1,2 milliard de t-km), là encore malgré un fort impact de crues sur la navigation fluviale.
Un trafic international fortement pénalisé par les aléas climatiques
De son côté, le trafic fluvial international a sensiblement reculé en 2018, du fait d’un long phénomène d’étiages (basses eaux) ayant largement perturbé la navigation sur les bassins rhénans et mosellans.
Sur le Rhin et la Moselle, ces étiages ont drastiquement limité le chargement des bateaux en provenance ou à destination des ports de la Mer du Nord conduisant à des trafics historiquement faibles.
- sur le Rhin : -17,9% en tonnes soit 10,7 millions de tonnes transportées et -13,4% en t-km soit environ 986 millions de t-km)
- sur la Moselle (-4,9% en tonnes soit 5,6 millions de tonnes transportées et -8,7% en t-km soit 398 millions de t-km), malgré le fort dynamisme des céréales, filière prépondérante sur ce bassin.
Le réseau Nord, qui n’a pas été affecté par des difficultés de navigation, enregistre une croissance des volumes transportés (+4,5% à 9,1 millions de tonnes), et un recul des t-km (-4,5% soit 794 millions de t-km). Ce recul, contre-intuitif, s’explique par la part importante des flux céréaliers et le nombre limité de kilomètres fait sur le réseau français par ces trafics majoritairement internationaux.
Les secteurs de l’agroalimentaire et des matériaux de construction, principaux utilisateurs de la logistique fluviale
Si l’on raisonne par secteur d’activité, la filière agroalimentaire a fortement investi la logistique fluviale en 2018. Elle enregistre une hausse significative de +13,9% en t-km (presque 2 milliards de t-km) et +12,5% en volumes (soit 13 millions de tonnes) en 2018. Cette tendance s’explique par la bonne fin de campagne 2017-2018 après une récolte 2016 particulièrement difficile et la forte reprise des exports qui en a découlé, notamment pour les produits céréaliers (blé, orge, maïs) qui représentent près de 77% des volumes transportés (environ 10 millions de tonnes).
Malgré une très légère baisse de 0,6% en tonnes et de 0,5% en t-km, le secteur des matériaux de construction reste le plus gros utilisateur du transport fluvial de marchandises, porté par l’activité du BTP qui reste orientée à la hausse[1] (avec de grands projets comme le Grand Paris Express, le plan de relance autoroutier, ou le plan France Très Haut Débit, par exemple). Celui-ci représente en effet environ 43% des volumes transportés en 2018 (22,4 millions de tonnes) et 34% des t-km réalisées sur l’ensemble du réseau national (2,3 milliards de t-km).
Les autres secteurs utilisateurs du transport fluvial sont en baisse : diminution de près de 18 % en volume pour le charbon, due principalement à l’arrêt progressif des centrales EDF et au remplacement de ce combustible; baisse de plus de 15% en volume du pétrole. Les secteurs de la chimie et la métallurgie sont aussi touchés : ils enregistrent respectivement une baisse de 11% en tonnes et 9% en tonnes-kilomètres, due essentiellement aux conséquences des crues et à des cycles industriels discontinus (stockage-déstockage).
L’ensemble de ces résultats impacte directement l’activité des principaux ports maritimes français, qui ont connu en 2018 des évolutions contrastées de leur trafic. Pour l’axe Seine, le trafic fluvial du port de Rouen progresse fortement (volumes en hausse de 9,3%) grâce à l’approvisionnement des silos portuaires, alors que celui du Havre baisse légèrement (-2,5%), en raison notamment de la baisse des expéditions de charbon d’importation à l’intérieur du territoire. Sur le bassin rhodanien, Marseille profite également de l’embellie des livraisons de céréales (+7%). Enfin, Dunkerque accuse une baisse de près de 7% du fait de la baisse des trafics de charbon et des expéditions de granulats.
Un trafic de conteneurs marqué par les difficultés du Rhin et le dynamisme du Nord en 2018
Le trafic de conteneurs exprimé en Equivalent Vingt Pieds (EVP) apparait en recul par rapport à l’année précédente (-6,3%). La forte dégradation de l’activité des lignes conteneurisées (-34,8%) sur le bassin rhénan, explique à elle seule ce résultat : hors Rhin, le trafic enregistrerait une croissance de 2,8%.
Le bassin Nord-Pas-de-Calais connaît une croissance particulièrement élevée (+16%) sur ce secteur du fait de l’intensification des navettes fluviales (lignes de conteneurs) sur son réseau (109.000 EVP). Sur le bassin Seine-Oise, le trafic reste globalement stable, avec un total de 263.000 EVP (-0,2%). Les relations concernant les conteneurs maritimes sont en revanche en augmentation de 6,5% (un total de 212.000 EVP). Enfin, le bassin Rhône-Saône enregistre un recul de 2,8% de son trafic (un peu plus de 84.000 EVP), toujours affecté par les difficultés de manutention des bateaux fluviaux sur le port de Fos.
Au sujet de ces résultats, Thierry Guimbaud conclue « Les trafics 2018 illustrent pour VNF la nécessité d’accompagner le changement climatique en rénovant et en adaptant ses infrastructures afin de limiter au maximum l’impact des phénomènes exceptionnels sur la navigation. En 2019, VNF continuera à s’engager sur chaque axe de son réseau aux côtés des transporteurs et des ports pour que le fluvial s’affirme encore un peu plus comme une alternative logistique performante pour les acteurs industriels ».
Communiqué de presse de VNF