Il y a deux ans, nous avions consacré un large dossier au Balançan. Ce centre de stockage de déchets ménagers, situé dans le Var sur la commune du Cannet-des Maures, fut fermé l’été 2018 sur ordre de la Préfecture et de la Dreal, au grand dam de nombreux élus. André Guiol, maire de Néoules, président de l’Association des maires ruraux du Var et président du Sived-NG (Syndicat intercommunal pour la valorisation et l’élimination des déchets-Nouvelle Génération) qui regroupe 56 communes du centre et du Haut-Var, répond à nos questions.
Valeurs Vertes : Depuis la fermeture du Balançan, où vont les déchets ?
André Guiol : Tout d’abord, pour en réduire le volume, nous avons équipé 8 000 foyers et entreprises de composteurs, fournis et subventionnés par le SIVED. Mais il nous a fallu utiliser des exutoires, passer des contrats avec des prestataires à Valensole, Toulon, Gardanne, et ex- porter nos déchets dans le département voisin des Bouches-du-Rhône.
La fermeture du Balançan aurait été judicieuse si nous avions pu collecter et trier nos déchets pour qu’ils soient recyclés au maximum par Technovar. Mais Technovar, unité de traitement et de valorisation des déchets, est encore à l’état de projet.
Bien que le planning soit arrêté, que les autorités préfectorales l’aient validé, et que son implantation sur le site de Brignoles ait été choisi, il n’est pas sorti de terre. Trois ans au moins seront nécessaires pour que Technovar et l’extension de l’ISDND (Installation de Stockage de Déchets Non Dangereux) à Ginas- servis, voient le jour et soient opérationnels.
Il s’agit de projets complexes, tant sur le plan technique qu’administratif et une partie de la population émet des réserves sur ces installations qui nécessitent du courage politique.
En attendant, nous nous retrouvons avec des ton- nages importants de déchets, sans solution pérenne. Le contraire de ce que nous espérions !
V.V. : Comment réagissent les autres élus ?
A.G. : Nous sommes tous inquiets. Les élus des collectivités de Provence Verte, Cœur du Var et Provence Verdon sont à bout. Nous avons trouvé des solutions de remplacement avec des volumes qui semblent suffisants et permettent de ne pas renchérir le coût du traitement des déchets.
Mais, chaque mois, ces volumes sont soumis à une autorisation du préfet de Région et malgré tous nos efforts, nous avons atteint le maximum de tonnage autorisé. Le Préfet nous accorde des autorisations au compte-gouttes pour 2 000 tonnes, la veille pour le lendemain, parfois le jour même ! Cela nous permet de tenir à peine quelques semaines. Nous ne pouvons continuer dans une telle incertitude, avec une telle pression.
V.V. : Que proposez-vous face à ces difficultés ?
A.G. : J’en suis arrivé à proposer à mes collègues maires une solution extrême : ne pas lancer d’alerte sur un nouvel arrivage de déchets ce qui pourrait provoquer le blocage du système et aboutir à l’arrêt des collectes. Il ne s’agit pas d’une menace, mais de faire prendre conscience aux autorités que nous sommes au pied du mur, confrontés à des problèmes difficiles à résoudre en quelques heures.
Nous explorons d’autres pistes mais nous ne pourrons pas parvenir à préserver l’environnement, à réduire le volume des déchets sans l’implication de tous.
V.V. : Avez-vous réussi à maintenir les coûts des déchets à la tonne ?
A.G. : Davantage de réflexions auraient dues être menées avant la fermeture du Balançan. Le Var n’est pas en capacité de stocker les déchets ultimes.
Nous avons dû trouver des solutions dans l’urgence, maîtriser les surcoûts des transports et mettre en place un dispositif compliqué.
La traçabilité est assurée mais il nous manque une capacité annuelle d’enfouissement de 100 000 tonnes, malgré nos efforts de tri.
Dans l’ensemble les coûts restent raisonnables et nous avons refusé la proposition d’augmentation du taux d’imposition suggérée par le maire du Cannet, Jean-Luc Longour. Nous voulons éviter de faire supporter aux contribuables le coût de taxes trop élevé.
V.V. : Nous avons lu dans Var Matin que la Communauté de communes Cœur du Var rencontrait des difficultés. Pourquoi ?
A.G. : Comme je vous le disais il n’existe pas de consensus sur le budget valorisation des déchets qui a été rejeté. C’est maintenant au Préfet de décider. ■