VAL’HOR, l’Interprofession française de l’horticulture, de la fleuristerie et du paysage qui compte 53 000 entreprises et 10 fédérations professionnelles, sait que le végétal est en train de retrouver son rôle de structure urbaine. Des villes, qui ont déjà compris que la nature nous protégerait à terme des dérèglements du climat, ont réussi ce challenge. Voyage dans quelques cités vertes.
Les Victoires du Paysage organisées par VAL’HOR ont bien montré que le végétal est un moyen de transformation en profondeur d’un quartier sensible et que les bailleurs sociaux peuvent, grâce à un aménagement paysager de qualité, transformer l’image même du quartier et impulser une nouvelle dynamique. A Val-de-Reuil l’éco-village niché dans le parc aménagé où le végétal évolue librement voit revenir sa biodiversité.
Ces solutions sont issues du terrain car, on ne plaque pas un espace vert, on l’imagine, on le construit, en véritable architecte, pour redonner du sens à la mobilité et aider les liens à se retisser.
222 villes sont concernées par l’initiative « Action Cœur de Ville » lancée par le ministère de la Cohésion des Territoires accompagné d’autres grands acteurs économiques.
Les collectivités locales sont invitées à présenter des projets qui redonneront vie à leurs territoires, sinon oubliés, parfois perdus de vue, et bénéficier de larges soutiens. Elles peuvent s’inspirer d’exemples de villes moyennes qui travaillent avec les professionnels du paysage et ont fait du végétal un atout écologique et économique.
A Bar-le-Duc, les berges aménagées de l’Ornain ont retrouvé leurs riverains. Le maire, Martine Joly, et son équipe ont fait revivre leur centre-ville avec un marché couvert, des massifs inspirés des jardins monacaux, des jets d’eau, un parvis pour les piétons. La ville a apprivoisé la nature et magnifié son cadre historique.
A Valenciennes, le maire, Laurent Degallaix a réussi, en associant les habitants et les acteurs du quartier, une opération de re-qualification urbaine et paysagère. L’opération « de recouture urbaine » a permis de tisser des liens entre les quartiers et de marquer l’entrée du territoire. Maillages verts gradués, au fur et à mesure que l’on progresse dans la ville jusqu’à la place du Canada où des arbres majestueux étendent leur ombre. Ce cheminement s’inscrit dans une coulée verte qui, tout au long d’un boulevard urbain, assure une liaison douce où piétons et cyclistes se partagent l’espace.
Une reconquête paysagère totale de la ville urbaine pour la ville nature où le végétal se met au service du bien être de tous. Cela nécessite sans doute de verdir les PLU (plan local d’urbanisme) et de faire en sorte que les espaces verts deviennent la matrice de la ville de demain et rendent l’espace aux habitants.
Autre exemple, Angers, qui a remporté un prix spécial Cœur de Ville grâce à la réintégration du végétal à travers une promenade très fréquentée, joliment appelée « le bout du Monde ». Située, contrairement à son appellation, en plein centreville.
Elle possède un parc extraordinaire Terra Botanica qui, au gré des saisons, propose aux visiteurs les couleurs chatoyantes de plus de 500 000 espèces à découvrir à bord du petit train du végétal.
La nature peut aussi devenir un vrai projet de développement économique pour l’Anjou. Pour Marc Barra, écologue de l’Agence régionale de la Biodiversité (ex Natureparif), les infrastructures vertes peuvent aider à préserver la qualité de l’eau et constituent une alternative intelligente aux canalisations en permettant de limiter leur saturation. Il faut rendre aux sols leur perméabilité.
A Nantes, on parle des quartiers éponges, comme les jardins de pluies qui stockent l’eau lors des orages et les restituent naturellement dans le milieu.
La nature n’a pas fini de nous étonner et de nous faire rêver. Sans doute nous aidera-t-elle à réussir des villes plus humaines et surtout plus résiliantes face au changement climatique. ■