Communiqué de presse de IFAW
(Genève, Suisse – 22 novembre 2017) La CITES, l’organisation mondiale de protection de la nature chargée de réguler le commerce des espèces menacées, risque de commettre une erreur si elle s’obstine à jouer un double jeu vis-à-vis despays développés et des pays en développement qui transgressent ses propres règles.
La semaine prochaine, le Comité permanent de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES) se réunira pour la 69e fois à Genève, et IFAW (le Fonds international pour la protection des animaux – www.ifaw.org) lui demande, de concert avec plusieurs spécialistes juridiques, d’adopter une attitude impartiale dans le traitement qu’elle applique aux pays afin qu’ils respectent leurs obligations.
« La communauté internationale devrait s’alarmer du fait que le Japon continue d’importer à des fins commerciales le rorqual boréal, une espèce pourtant interdite à la vente. Au lieu de cela, la CITES reste les bras croisés et n’a encore jamais demandé au Japon de rendre des comptes, » a déploré Matt Collis, directeur ‘politique internationale’ au sein d’IFAW.
En outre, un ancien Secrétaire général de la CITES, Peter Sand, a tout récemment publié une étude qui montre que 95 pour cent des sanctions commerciales adoptées par la CITES visent des pays en développement alors que ces derniers ont d’énormes difficultés à mettre en application les conditions qu’elle leur impose. Les embargos sont utilisés comme des mesures de rétorsion qui sanctionnent les pays commercialisant les espèces protégées par la CITES.
« La CITES risque d’entacher sa crédibilité si elle s’obstine à jouer un double jeu avec les pays développés et les pays en développement, » a ajouté M. Collis.
« Alors que la CITES se réunit prochainement pour discuter des mesures à adopter contre la Guinée, la RDC, le Laos et éventuellement le Togo, le Secrétariat de la CITES ne montre aucunement l’intention de sanctionner le Japon qui commercialise pourtant à outrance une espèce interdite à la vente. Il s’agit d’un cas flagrant de non-conformité à la CITES et les gouvernements qui siègent au Comité permanent devraient exiger que des initiatives soient prises contre le Japon. »
Autre exemple de cette politique à deux vitesses : la gestion des problèmes liés à la conservation des éléphants. Certains pays ont été chargés d’élaborer des Plans d’action nationaux pour l’ivoire (PANI) afin de lutter contre le braconnage et le trafic d’ivoire, et leurs efforts seront évalués lors de la prochaine réunion. Mais là encore, alors que le Japon a été exclu du dispositif un peu plus tôt cette année, tous les yeux seront braqués vers le Togo qui risque sérieusement d’essuyer les blâmes du Comité la semaine prochaine, pour ne pas être parvenu à élaborer son plan.
Une coalition d’états africains a décidé de demander que la priorité soit accordée à la fermeture des marchés d’ivoire et exige que l’exclusion du Japon du dispositif PANI soit réétudiée.
Si les États-Unis et la Chine ont réalisé d’importants progrès en fermant leurs marchés domestiques, l’Union européenne et le Japon ont quant à eux fait très peu d’efforts, et la CITES n’exige rien de leur part.
Le 69e rendez-vous du Comité permanent de la CITES se tiendra du 27 novembre au 1er décembre 2017. Le rôle du Comité permanent est de veiller à ce que les décisions prises lors des Conférences des Parties de la CITES (comme la CoP 17 qui a eu lieu à Johannesburg, en Afrique du Sud en 2016) soient respectées et que les pays remplissent leurs obligations visant à protéger les espèces menacées contre le commerce.
D’autres thèmes figureront au programme de cette réunion, comme les efforts de protection ciblant d’autres espèces sauvages menacées par les trafiquants telles que les pangolins, les requins, les tigres et autres grands félins asiatiques, les lions, les guépards et le perroquet gris du Gabon. Des discussions seront également engagées sur le trafic en ligne d’espèces sauvages et la gestion des animaux vivants confisqués des mains des contrebandiers.