Christian de Perthuis, professeur d’économie et fondateur de la chaire Climat à l’Université de Dauphine. Pionnier des mé- canismes financiers du CO2, de la lutte contre le dérèglement climatique et convaincu de l’importance d’une taxe carbone, il a dirigé la mission climat de la Caisse des Dépôts.
Son livre, paru il y a quelques mois, décortique bien les liens qui existent entre cette pandémie brutale et le réchauffement climatique. En une année la citation qu’il a choisi de la mili- tante Arundhati Roy prend tout son sens : « Le Coronavirus a mis les puissants à genoux et le monde à l’arrêt comme rien d’autre n’aurait su le faire. Nos pensées se précipitent encore dans un va et vient, rêvant d’un retour à la normale, tentant de raccorder le futur au passé, de les recoudre ensemble, refu- sant d’admettre la rupture. Or la rupture existe bel et bien. Au milieu de ce désespoir, elle nous offre une chance de repenser la machine à achever le monde que nous avons construite pour nous-mêmes. »Mais cette machine à détruire peut déboucher sur un projet d’avenir où la résilience et l’innovation joueront tout leur rôle. Son essai très clair, aux chapitres bien distribués, repère les ruptures qui pourraient inventer un monde moins individualiste, moins consumériste, capable de comprendre que la menace climatique n’est pas une invention des écolos mais bien réelle.« Notre résistance collective face au virus nous oblige à changer notre rapport au vivant et rien ne serait pire qu’une amnésie collective où seules les catastrophes répétées obligent le corps social à réagir trop tardivement aux menaces globales. » Les faits sont têtus et ce livre nous rappelle que c’est la nature qui est maître des horloges.
