Le Groupe Renault n’a pas attendu les nouvelles alarmantes sur le climat pour prendre de l’avance sur le sujet. Entretien avec Jean-Philippe Hermine, directeur Stratégie, Plan Environnement du Groupe Renault, aux avant-postes pour gagner la bataille.
Valeurs Vertes : Comment relever le défi climatique des dix prochaines années?
Jean-Philippe Hermine : Nous avons misé sur trois axes majeurs : la lutte contre les gaz à effet de serre pour le climat, la préservation des ressources, sujet central de l’économie circulaire, et pour la santé, la réduction des émissions polluantes pour une meilleure qualité de l’air en milieu urbain.
Notre plan de stratégie business, au coeur de toutes nos décisions, nous a permis de baisser les émissions de gaz à effet de serre et les émissions polluantes. D’ici 2022, nous réduirons de 25% notre empreinte carbone.
Nous sommes leader du véhicule électrique en Europe où près d’1 sur 4 est de marque Renault avec la gamme la plus complète du marché : ZOE, Twizy Master ZE et Kangoo ZE deuxième génération qui propose des motorisations 100% électriques. Avec le plan « Drive The Future » nous atteindrons en 2022, 8 modèles de VE et 12 électrifiés. Cela fait presque 10 ans que nous construisons notre expertise dans le VE et près de 30 000 collaborateurs sont formés pour répondre aux spécificités de la mobilité électrique.
V.V. : Quels sont les axes importants de votre plan de déploiement ?
J-P.H. : Toujours plus de services connectés, de simplicité d’usage, le Renault ZE Pass recense par exemple plus de 20 000 bornes d’accès publics en Europe. On peut obtenir en temps réel des informations sur le niveau de charge et piloter la recharge du véhicule depuis son smartphone.
Nous sommes aux avantpostes de l’innovation en développant un éco-système avec nos partenaires. Nous construisons ensemble des solutions innovantes qui utilisent le stockage énergétique dans les batteries des véhicules électriques pour faire coïncider l’offre et la demande au sein de réseaux de plus en plus intelligents : les smart grids.
Néanmoins il existe des freins, des obstacles réglementaires, par exemple sur le réemploi des batteries homologuées réutilisables.
V.V. : Quelle place pour l’économie circulaire ?
J-P.H. : L’économie circulaire exige une vision à 360°. Nous avons gagné beaucoup de challenges, en particulier pour les matières premières, en créant ou en prenant des participations dans plusieurs entreprises spécialisées dans le recyclage – comme INDRA, BOONE Comenor et GAIA – qui sont réunies sous l’entité Renault Environnement (filiale à 100% Renault) que je préside et qui réalise un CA de 500 millions d’euros par an.
Nous avons une longue expérience pour boucler la boucle de la matière première, de la logistique pour le réapprovisionnement en pièces d’occasion, par exemple, en réutilisant ces pièces issues du VHU pour réparer des véhicules dans le réseau commercial. Nous avons pris des initiatives pour les plastiques et les textiles. Nous livrons nos fournisseurs de pièces en flux tendu avec des matériaux recyclés répondant aux cahiers des charges des constructeurs.
Le futur arrive à brève échéance avec la voiture autonome connectée et les services de mobilité à la demande. Nous avons par exemple accompagné le développement de Marcel à Paris, en partenariat avec RCI Bank and Services, une start-up qui propose avec e.co la première gamme de VTC 100 % électrique, économique et éco-citoyenne. Nous développons également des services de mobilité électrique en free floating, comme à Copenhague, Madrid où 400 véhicules sont partagés ; à Paris, avec le lancement de Moov’In.Paris dont la flotte composée de 100 Renault ZOE et 20 Renault Twizy au démarrage sera mise en service d’ici peu dans les 11èmes et 12èmes arrondissements de Paris, ainsi qu’à Clichy (Hauts-de-Seine).
L’environnement est un facteur de compétitivité et d’innovation. Chez Renault nous avons pris le virage très tôt. ■
