Personne n’avait jusqu’à présent étudié comment, à l’échelle du globe, l’introduction d’espèces de poissons exotiques modifie la diversité fonctionnelle des communautés de poissons d’eau douce. Cela revient à tester si les espèces introduites assurent des rôles écologiques différents (capacités de nutrition ou de locomotion par exemple) de ceux assurés par les espèces natives. C’est désormais chose faite par des scientifiques du CNRS, de l’Université Toulouse III – Paul Sabatier et de l’IRD[1], qui ont mesuré les traits morphologiques associés à la locomotion et à la nutrition de plus de 9 000 espèces de poissons d’eau douce sur les 13 000 connues. Résultat : alors que les introductions de poissons provoquent un accroissement moyen de l’ordre de 15 % du nombre d’espèces dans les cours d’eau de notre planète – ce qui était connu -, ce changement se traduit par une augmentation moyenne en termes de diversité fonctionnelle de l’ordre de 150 %.
A l’échelle du globe, du fait des introductions d’espèces, les chercheurs constatent dans les communautés une augmentation de la taille moyenne du corps des poissons et une surreprésentation des espèces aplaties latéralement, comme la carpe ou le black bass. Ces changements fonctionnels sont probablement liés aux effets des barrages qui favorisent l’établissement d’espèces non-natives aptes à se déplacer et à survivre en milieu stagnant. Publiés dans la revue Ecology Letters du mois de novembre 2018, ces résultats soulignent la nécessité de considérer différentes facettes de la biodiversité au-delà du nombre d’espèces, afin d’évaluer l’impact des invasions biologiques sur les écosystèmes.
Références de l’article :
Non-native species led to marked shifts in functional diversity of the world freshwater fish faunas, Toussaint A., Charpin N., Beauchard O., Grenouillet G., Oberdorff T., Tedesco P., Brosse S. & Villéger S., Ecology Letters, Volume 21, issue 11 (November issue). //doi.org/10.1111/ele.13141
Communiqué du CNRS