Lorsqu’on se promène dans le parc de Versailles, difficile de ne pas penser à Le Nôtre. Les bosquets, les jardins, les arbres, les paysages, ont cette élégance et cette harmonie, qui ont traversé les siècles jusqu’à nous, au défi des secousses historiques.
Ce subtil « jardinier » qu’il fut a marqué de son esprit créatif ce lieu où Louis XIV construisit son chef-d’œuvre. Pour réussir ce paysage arraché à de mauvais marais, il fallut bien des sa- crifices mais aussi l’obstination d’innover. Ces jardins ont non seulement fait avancer la botanique, mais toutes les sciences qui peuvent s’y rattacher : l’hydraulique, la physique, etc.
A l’époque, on ne parlait pas de paysagiste mais de jardinier, et quel jardinier puisqu’il fallait allier à la topographie particu- lière de cette plaine « l’affirmation du site et le génie du lieu ». Chef d’œuvre du classicisme où tout semble ordonné mais où une trame secrète de symboles laisse le promeneur découvrir des théâtres, grottes et sentiers inattendus. Ce paysage raconte plusieurs histoires, la gloire d’Apollon et celle d’une nature ap- privoisée et exaltée. André Le Nôtre est l’initiateur de toutes les générations de paysagistes, de concepteurs de parcs et de jardins. Sa pensée et son œuvre restent éminemment contem- poraines. Cela concerne aussi bien l’écologie, l’aménagement du territoire, « notre rapport à l’histoire et la nature. »
Ce bel ouvrage vient de paraître sous la direction de Chiara Santini, historienne et archiviste-paléographe, professeur d’his- toire des jardins et du paysage à l’École nationale supérieure de Versailles, administratrice de la villa d’Este et de la villa d’Hadrien à Tivoli, et de Michel Audrey, paysagiste concepteur, enseignant dans la même école et secrétaire général de la Fé- dération Française du Paysage (FFP) et de l’interprofession de l’horticulture et du paysage (Val’hor).