Faire du déchet une ressource, le recycler pour en extirper une matière première renouvelée. Sébastien Petithuguenin, directeur général, nous explique comment l’entreprise Paprec Group est devenue un des leaders du secteur.
Valeurs Vertes : Vous avez remporté en 2018 d’importants contrats de collecte sélective comme ceux de Nanterre, du Grand Lyon ou du Grand Belfort. Quelles expertises vous ont permis de remporter ces marchés ?
S. Petithuguenin : Numéro 1 des marchés du tri de la collecte sélective en France, nous traitons 25% des déchets produits par nos concitoyens. Nous avons 30 usines sur le territoire et avec l’expansion des consignes de tri, nous n’avons cessé d’investir dans les technologies de tri. La qualité de la prestation, de l’expertise tech- nique et un rapport qualité/prix attractif, nous assurent la confiance des collectivités. Ajoutons à cela notre dialogue permanent avec les parties prenantes.
Nous croyons fermement à la robotique, à l’intelligence artificielle et avons choisi la modernisation de nos centres de tri. A Lyon, par exemple, nous utilisons un robot dont le bras articulé avec ventouse saisit les objets pour une meilleure finalisation du tri.
Trois de nos usines de tri, équipées de trieurs optiques nouvelle génération, traitent plus de 60 000 tonnes de déchets par an. Les sites de Rennes et Lyon, nous appartiennent et celui de Villers-Saint-Paul est en délégation pour le SMDO. L’irruption du projet de consigne assez flou dans la Loi sur l’économie circulaire nous inquiète face aux investissements des industriels et des collectivités sur les centres de tri. Le dispositif collectif mutualisé mis en place fonctionne bien et il est trois fois moins cher en France qu’en Allemagne.
Nous sommes par contre favorables à la consigne du verre avec un réemploi sur place qui répond aux exigences de l’économie circulaire.
V.V. : La valorisation organique et les projets de méthanisation
sont au cœur de la transition énergétique. Quelle offre dans ce domaine proposez- vous aux collectivités et aux industriels ?
S.P. : Il nous semble important de pouvoir proposer des solutions avec une plus-value environnementale. Nous avons par exemple démarré un système très innovant de bio-collecte qui sera en place en 2023 à côté de Rennes. L’utilisation de bio-déchets, pour réaliser des amendements organiques de qualité permet de restaurer la qualité des sols. Six millions de tonnes de déchets sont à récupérer dans les bacs pour produire un compost de qualité. A Périgueux, nous avons lancé avec une ferme où l’on cultive du maraîchage et des céréales un projet de compost de grande qua- lité qui permettra de proposer la boucle « retour à la terre ». Pas une seule ligne sur les bio-déchets ne figure dans le projet de Loi.
V.V. : La Loi sur l’économie circulaire prône un grand nombre de REP.
Ne vaudrait-il pas mieux privilégier les déchets ultimes et les performances des taux de recyclage qu’installer des REP pour tout ?
S.P. : Les solutions que nous proposons constituent de véritables innovations. Nous disposons actuellement de 200 sites en France qui permettent de proposer des offres de terrain. Le déchet est un marqueur de l’histoire d’une collectivité humaine. Il faut s’adapter aux spécificités locales et déployer, pour les communes comme pour les industriels, des dispositifs de traçabilité, de va- leur des déchets par site, par zone. Nos solutions de proximité s’appuient aussi sur les technologies du numérique. Nous pouvons par exemple récupérer le reporting en ligne, utiliser l’application smartphone, commander les prestations. Citons l’expérience de gestion déléguée sur un site industriel de Procter and Gamble à Amiens. L’entreprise souhaite, d’ici 2030, recycler cent pour cent de ses pro- duits de grande consommation. Nous avons mis en place une solution innovante d’optimisation de la gestion des flux de collecte, de la traçabilité des déchets produits dans l’usine zone par zone, matière par matière.
Nous sommes favorables au système équivalent à la REP. Pour les déchets du BTP il faudrait mettre en place un système réunissant autour de la table les metteurs en marché, les sociétés de démolition, les détenteurs. Les grandes sociétés comme Vinci, Bouygues et autres trient mais, le dispositif de la REP les exclut de la filière. Il faudrait installer un nouveau dispositif auquel les acteurs industriels de la construction pourraient participer. ■