Métropoles : la vague verte
En quelques jours, malgré des taux d’abstentions record, les écologistes ont pris d’assaut les plus grandes villes de France. Si l’on y regarde de plus près, on s’aperçoit que tous ces maires, à part une ou deux exceptions, se préparaient depuis longtemps à conquérir leur cité.
Des villes qui dans l’ensemble ne tournaient pas le dos à l’écologie, bien au contraire, mais pesaient le pour et le contre dans ces arbitrages difficiles entre écologie et économie.
Les pistes cyclables, les trams, l’agriculture urbaine, etc, incitaient leurs électeurs à prendre en compte l’environnement mais ceux et celles qui se rendirent aux urnes souhaitaient aller plus loin et plus vite.
De plus, les maires déjà élus depuis plusieurs années comme Johanna Rolland à Nantes, ou Eric Piolle à Grenoble, avaient préparé le terrain et n’avaient, ni provoqué l’exil des populations, ni les séismes économiques annoncés. Ils s’en étaient plutôt bien tirés et leurs villes restaient des moteurs économiques dans des environnements industriels et scientifiques favorables.
Le Covid a fait le reste. N’a-t-il pas frappé les mégapoles les plus bétonnées, aux hubs aériens internationaux, aux populations entassées dans les quartiers périphériques ?
Aujourd’hui, des millions de Français ont un maire Vert, de Strasbourg à Nantes en passant par Bordeaux, Poitiers, Tours, Lyon et Marseille.
Des Français qui veulent transformer l’essai et passer à une ville durable, moins bétonnée, agrémentée de structures végétales, d’îlots de fraîcheur et d’îlots énergétiques, rendre à l’économie circulaire ses fondamentaux, réintroduire les vergers, les jardins dans la ville, au lieu de ces places minérales faciles à entretenir, mais qui retiennent le souffle chaud des canicules.
Le dérèglement climatique a mis son bulletin dans l’urne et entouré d’une écharpe verte des villes conservatrices comme Bordeaux, pourtant pionnière il y a plus de 20 ans en matière d’environnement avec Juppé, ou Strasbourg, déjà très verte.
Ces nouvelles équipes ont à réussir un exercice difficile surtout au moment où le Covid décimera bien des entreprises locales. L’exercice du pouvoir c’est autrement plus périlleux que les manifestations et les actes ne se paient pas de belles paroles.
Nous leur souhaitons bonne chance pour réussir ce challenge où la nature entre en ville sans en chasser les acteurs économiques.
Il faut relire René Dubos qui expliquait que la voie la plus étroite et la plus réaliste est celle qui anticipe le prix du progrès et le rend acceptable économiquement, sans nuire à l’environnement.
Sacré challenge.
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