La transition énergétique change la donne aussi bien pour les entreprises que pour les collectivités locales. Sa réussite est conditionnée à des innovations accessibles et astucieuses mettant le bon sens et la technologie en commun. Entretien avec Germain Gouranton, ingénieur de formation et entrepreneur de caractère, qui dirige l’entité Bertin Energie Environnement.
Valeurs Vertes : Comment définissez vous Bertin Energie Environnement ?
Germain Gouranton : Bertin Technologies est avant tout une société d’ingénieurs qui travaillent sur deux sujets d’excellence : l’innovation technologique et la maîtrise des risques. Bertin Energie Environnement vient compléter cette excellence en proposant des solutions, au service des directions industrielles et des territoires. Cela va bien audelà de simples prestations. L’objectif consiste à atteindre le Graal zéro énergie, zéro carbone. Cette démarche, qui résout l’équation entre la performance et l’efficacité énergétique pour une énergie positive, n’a jamais été, avec l’autoconsommation, autant d’actualité.
V.V. : Sur quoi repose votre culture d’entreprise ?
G.G. : La valorisation d’une culture technique et indépendante. Nous sommes dans une approche « multiénergies » permettant au maître d’ouvrage de réussir son mix énergétique. La première étape sur le long terme, consiste à réaliser un audit énergétique afin de dégager un plan pluriannuel pour définir les besoins d’un investissement réussi.
Le plus urgent est de valoriser la chaleur fatale, de commencer à la base en analysant les usages. Le vrai facteur de succès c’est la motivation de l’entrepreneur. Il faut qu’il soit motivé par le bénéfice économique et le bénéfice image qu’il retirera pour sa société et les personnes qui y travaillent.
V.V. : L’auto-consommation tente-t-elle les entreprises ?
G.G. : Les PME industrielles nous questionnent souvent sur la production en auto-consommation des ENR. Il faut intégrer plusieurs technologies, dont le solaire, et trouver l’adéquation entre la production et la consommation à travers trois paramètres : chercher conjointement le taux d’auto-consommation possible, le taux d’auto-production et le coût moyen global de cette énergie positive, avec un pourcentage maximum d’ENR.
V.V. : Quel périmètre pertinent pour réussir à créer une communauté énergétique locale ? Est-ce votre concept ?
G.G. : Pour créer un îlot énergétique cohérent, il faut bien en connaitre les paramètres. Dans un territoire chacun a son propre système. Il est nécessaire de réaliser des études approfondies en amont pour obtenir une vision économique et énergétique sérieuse, puis définir et agréger, avec les parties prenantes, les enjeux de production et de consommation pour l’aménagement du territoire construit autour des énergies locales. Il ne s’agit pas d’additionner des productions mais de mettre en cohérence production et consommation via un pilotage optimisé grâce à des outils numériques. Nous avons en ce sens créé la solution «Enerbird» qui remporte un succès massif.
L’enjeu est double. Le premier est économique : on investit dans des actifs de production avec des coûts fixes que les usagers se partagent. Comme, par exemple, réduire les émissions de GES dans l’habitat. Le deuxième enjeu est sociétal : on ne créé pas l’autarcie, on reste dans un monde connecté, ouvert avec la mise en réseaux pour un patrimoine public, une communauté.
Ces îlots peuvent se situer dans une commune ou un quartier, se construire autour d’une vision industrielle. Cette culture par la preuve conduit à la réalisation d’un prototype.
Nous avons déjà réalisé ce concept d’îlot à énergie positive à Bourganeuf, dans la Creuse, sur le Campus de Schneider Electric, à Grenoble, ou encore à Lyon avec Confluence, à Bordeaux, etc.
Cela fait 15 ans que nous travaillons sur ces sujets de bâtiments et îlots à énergie positive qui doivent privilégier une production sur place ou à proximité. Les territoires ont leur légitimité dans cette démarche. ■