Trois ans après la prise d’engagements à la COP21, à Paris, l’écrasante majorité des pays n’a pas adopté les mesures qui s’imposent pour contenir la montée des risques climatiques. Alors que les émissions sont reparties à la hausse, les gouvernements des pays de l’OCDE doivent réellement passer à l’acte pour placer leurs économies sur une trajectoire bas-carbone et cesser d’investir dans des infrastructures émettrices de carbone.
Comme l’indique le rapport Financing Climate Futures: Rethinking Infrastructure élaboré conjointement par l’OCDE, ONU Environnement et le Groupe de la Banque mondiale, dont une version préliminaire est présentée aujourd’hui à New York, seuls neuf pays sur les 180 qui ont signé l’Accord de Paris sur les changements climatiques, ont soumis à la CCNUCC leurs stratégies long terme pour 2050 de développement à faibles émissions de gaz à effet de serre.
Parallèlement, les gouvernements continuent de consacrer près de 500 milliards de dollars par an pour subventionner le pétrole, le charbon et le gaz, et la plupart d’entre eux n’ont pas su mettre fin à leur dépendance budgétaire à l’égard des recettes provenant des énergies fossiles. En outre, ils ne mettent pas suffisamment les dépenses publiques au service de la décarbonisation de leurs économies en investissant dans l’innovation et les infrastructures bas-carbone.
« Après toutes les promesses faites à Paris, et bien que nous ayons en main tous les outils nécessaires pour progresser, cette inertie risque de nous faire perdre la guerre contre le changement climatique », a déclaré le Secrétaire général de l’OCDE, Angel Gurría. « Pour maintenir le réchauffement mondial en dessous de 2 °C, il faut que les gouvernements commencent par respecter pleinement leurs engagements avant de passer à la vitesse supérieure. Je voudrais voir les pays de l’OCDE ouvrir la voie et montrer l’exemple aux autres. »
Pour que l’objectif de limitation du réchauffement de Paris soit tenu, les émissions mondiales de CO2 devront atteindre au plus vite leur plafond avant de diminuer rapidement pour tomber à un niveau nul, voire négatif, en termes nets au cours de la deuxième moitié du siècle. Certes, le financement vert a progressé – le marché des obligations vertes a par exemple connu une croissance spectaculaire de 1 000 % entre 2012 et 2017, et il y a une plus grande transparence autour des risques climatiques –, mais il faut faire bien davantage. Comme l’indique le rapport Financing Climate Futures, les gouvernements doivent adopter un programme d’action davantage porteur de transformations pour favoriser des financements au service d’un avenir bas-carbone.
Le rapport présente des propositions pour faire en sorte que les flux financiers publics et privés soient plus en phase avec les objectifs de l’Accord de Paris, en particulier dans le domaine du financement des infrastructures. Il préconise à cette fin d’améliorer la planification et la prospective, en intégrant la problématique climatique dans toutes les décisions budgétaires et en favorisant des infrastructures bas-carbone au travers des marchés publics.
Les analyses de l’OCDE montrent que, loin de menacer la croissance économique, le passage à des investissements d’infrastructure privilégiant des options bas-carbone – conjugué à des réformes structurelles appuyant la transition – pourrait en fait accroître le PIB mondial de jusqu’à 5 % d’ici à 2050. L’estimation tient compte du risque moins important dans ce scénario de dégâts provoqués par des événements météorologiques extrêmes. Le coût du passage d’une infrastructure polluante à une infrastructure verte serait plus que compensé par les économies dérivant de produits combustibles. Pourtant, les gouvernements nationaux n’ont pas assez œuvré pour égaliser les conditions de concurrence entre les options fortement émettrices de gaz à effet de serre et les alternatives bas-carbone.
La mise en service des centrales électriques qui sont aujourd’hui en chantier ou à l’étude, entraînera un quasi-doublement des émissions imputables à la production d’électricité. Les incitations à opérer la transition vers les énergies et les infrastructures vertes demeurent faibles, et il en va de même des incitations à ne pas émettre de gaz à effet de serre, quel que soit le secteur.
Comme l’a montré l’OCDE dans une analyse des taxes et permis d’émission négociables dans 42 pays, 46 % des émissions mondiales échappent encore à toute tarification, et 12 % seulement donnent lieu à une tarification supérieure à 30 EUR par tonne de CO2, niveau correspondant à l’estimation basse de leur coût réel pour l’environnement. Si la progression de la tarification des émissions de carbone devait se poursuivre au rythme actuel, il faudrait attendre 2095 pour qu’elle soit au niveau des coûts réels occasionnés par les effets sur le climat.
La tarification du carbone, une manière simple de réduire les émissions de CO2 : regarder la vidéo
Le rapport Financing Climate Futures recense six priorités pour les gouvernements :
- Faire en sorte que toutes les décisions soient compatibles avec des émissions nettes nulles à l’avenir
- Dissocier les finances publiques des énergies fossiles
- Instituer des changements systémiques dans le système financier pour favoriser la transition bas carbone
- Encourager activement l’innovation verte
- Rendre le financement du développement compatible avec les objectifs de l’Accord de Paris
- Donner aux villes et aux régions les moyens de prendre des initiatives vertes
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Communiqué de presse de l’OCDE