Inscrivant les enjeux de la transition énergétique dans son projet stratégique « 2020 conquérir l’avenir », un groupe comme La Poste veut devenir un accélérateur de solutions durables pour les territoires.
Lorsqu’on demande à Sophie-Noëlle Nemo, directrice de la Délégation à la Transition énergétique du Groupe La Poste, comment La Poste peut relever ce défi, elle souligne que cet engagement n’est pas récent : « Cela fait plus de quinze ans que le Groupe a su acquérir des compétences pour sa propre contribution à la lutte contre le changement climatique. L’Accord de Paris et la loi de 2015 portant sur La Transition Energétique pour la Croissance Verte (LTECV) ont été l’occasion de mobiliser nos efforts vers les entreprises, les collectivités locales et les particuliers. Nous avons priorisé nos actions autour de la rénovation des logements et de l’efficacité énergétique des bâtiments puisque les bâtiments représentent plus de 45 % de la consommation énergétique française. Nous nous appuyons sur notre présence territoriale et sur le réseau humain des facteurs en qui les Français ont confiance. Nous avons aussi entrepris des actions communes avec l’ADEME et l’ANAH pour contribuer à l’éradication de la précarité énergétique. »
C’est là qu’intervient le dispositif « Action Habitat ». Lancée en 2016, cette solution vise à massifier la rénovation énergétique des logements. Si 500 000 logements doivent être rénovés chaque année depuis 2017, d’après la loi LTECV, seuls 300 000 sont aujourd’hui effectivement concernés par des travaux de rénovation. Action Habitat permet de détecter les logements à rénover, de sensibiliser leurs propriétaires et de prioriser les travaux de rénovation à réaliser. Sophie-Noëlle Nemo précise : « La Poste, grâce à sa connaissance des territoires et des ilots où sont situées les « passoires thermiques », est déjà allée à la rencontre de plus de 30 000 particuliers pour la rénovation de leur logement. Elle a aussi mis au service des collectivités locales ses connaissances fines du terrain et sa force pédagogique pour la lutte contre le gaspillage de l’énergie, en particulier dans l’habitat public ou privé.
Faisant de ses 75 000 facteurs des ambassadeurs du territoire, elle a déployé des services de diagnostic énergétique et de sensibilisation aux éco-gestes depuis 2017. À souligner que ce dispositif n’entre pas en concurrence avec les acteurs locaux, mais alimente au contraire une demande plus forte de travaux dans les logements. Cela est favorable par exemple pour les artisans RGE ». Le management de l’énergie dans les bâtiments tertiaires est également une préoccupation capitale du Groupe qui a acquis de vrais savoir-faire pour la réduction de la consommation d’énergie. « En capitalisant sur l’expérience acquise sur son parc de plus de 12 000 bâtiments, La Poste souhaite valoriser son expérience auprès des collectivités et des entreprises possédant des parcs immobiliers. Le programme « SOBRE », initié en 2018 en partenariat avec la Caisse des Dépôts et Consignations, repose sur une solution digitale de suivi des consommations énergétiques et sur des programmes agissant sur le « comportement énergétique » des occupants des bâtiments. SOBRE permet de réduire les consommations énergétiques et donc la facture, sans faire de travaux, entre 10 et 25 %. Cela permet d’agir dans le sens d’une plus grande sobriété énergétique » ajoute Sophie-Noëlle Nemo.
Le financement fait partie des leviers de passage à l’acte. Avec La Banque Postale, La Poste peut financer des projets d’énergies renouvelables en territoire. Elle accompagne aussi le financement des travaux de rénovation énergétique des particuliers. Ses devis en ligne facilitent également le passage à l’acte en permettant au particulier d’estimer son « reste à charge ». Sophie-Noëlle Nemo est optimiste quant aux premiers résultats de ces démarches. Convaincue qu’il n’y a pas d’antagonisme entre écologie, économie et emploi, elle oeuvre à l’amplification des actions du Groupe et de leur impact sur les territoires. « L’accompagnement par La Poste des collectivités doit leur permettre d’engager massivement leurs territoires dans une transition énergétique et écologique soutenue, tout en créant des emplois. »
Autre sujet, celui des transports propres et de la mobilité durable. « La Poste a commencé à s’engager dans la mobilité durable en électrifiant une large part de sa flotte de véhicules de livraison. Elle a aussi formé tous les facteurs de l’éco-conduite. La gamme Bemobi propose aux collectivités des solutions d’éco-conduite (40 000 agents et salariés ont été formés), elle propose également des solutions sous forme de diagnostic des parcs automobiles, d’aide à l’introduction de véhicules à faibles émissions de CO2 ou de services de gestion de flotte de vélos à assistance électrique. La Poste développe aussi un grand programme de logistique urbaine pour limiter la pollution et la congestion des centres villes. »
A noter également le tri et le recyclage des papiers de bureau. La Poste a en effet une très forte capacité de collecte, qu’elle mobilise pour développer une économie plus circulaire, plus respectueuse des ressources naturelles. Elle a par exemple collecté et permis le recyclage de plus de 160 000 tonnes de papier depuis 2012. Sophie- Noëlle confirme : « Le récent partenariat de notre Groupe avec Suez et la création de Recygo a élargi la collecte à tous les déchets de bureaux pour toutes les tailles d’entreprise ou de collectivité et ce, partout en France. » Les engagements écologiques peuvent créer de l’emploi, encourager la recomposition du tissu social et réinventer le métier de facteur qui contribue désormais pleinement aux missions environnementales. Ambassadeur des bons gestes de tri, relais de la transition énergétique chez les particuliers, promoteur d’une mobilité plus douce, il est un lien fort entre les collectivités, les individus et l’État. ■
La pertinence d’une démarche innovante
La Communauté de communes du Genevois, en partenariat avec la Région Auvergne-Rhône-Alpes et l’ADEME, s’est engagée en faveur de la transition énergétique, nouant ainsi une collaboration exemplaire avec La Poste.
Cette Communauté de communes a mis en place le service « Regenero » pour permettre aux habitants de réaliser les travaux de rénovation thermique de leur logement. Le but, réduire la facture énergétique et améliorer le confort de leur habitation. C’est La Poste qui a été mandatée pour informer les propriétaires des possibilités d’un accompagnement gratuit et des aides financières dont ils peuvent bénéficier dans le cadre de leurs travaux de rénovation énergétique.
Dans un premier temps, un courrier leur a annoncé le passage du facteur. Celui-ci s’est rendu à leur domicile pour leur proposer de répondre à dix questions permettant de collecter les informations nécessaires. Les coordonnées des propriétaires souhaitant être recontactés sont ensuite notées par le facteur qui leur remet un flyer. Laura Breuilly, responsable du service Habitat de la Communauté de communes explique : « Nous avons ciblé 2 300 propriétaires de maisons individuelles, construites avant 1990, dans des communes rurales autour de Saint-Julien (74). Il s’agissait, dans un premier temps, de faire connaître notre dispositif « Regenero » aux personnes qui n’ont pas toujours accès à la communication numérique. Ainsi, nous les informons différemment. Ce qui a fait la plus-value de La Poste c’est la confiance de la population envers leurs facteurs. »
Pour Laura Breuilly, « les premiers retours sont encourageants. Sur 850 propriétaires approchés, 148 personnes intéressées ont donné leurs coordonnées, soit 17%. Cela signifie qu’il existe un véritable besoin d’accompagnement. Les propriétaires seront ensuite aidés gratuitement dans leur projet de rénovation énergétique. »
De telles initiatives peuvent à terme permettre de réussir cette transition énergétique qui passe aussi par les logements des particuliers représentant un gisement d’économie d’énergie important. Ces travaux d’amélioration thermique peuvent aussi impulser des emplois dans les territoires, en particulier pour les artisans locaux. La croissance verte est ainsi associée à un lien social ancien qui retrouve toute sa modernité. ■