Le maire qui aimait les arbres

Édition le Domaine du Possible – Actes Sud
80 pages – 10 € (7,49 € en numérique)

Jean Chalendas, l’auteur est né dans le pays d’Arles, le coeur de la Provence, celui de l’olivier et des platanes qui veillent sur les marchés pleins de soleil et d’amitié. Cette nouvelle bien écrite n’est pas une ode à ce monde qui plonge ses racines dans un riche passé où grecs et romains laissèrent pierres et traces d’une formidable civilisation. Non, c’est une histoire douce amère qui ressemble plus à un manifeste politique qui pointe du doigt la transformation de nos villes et de nos villages en solitude organisée. Pas un chat dans les rues, l’arbre au centre de la cité a tiré sa révérence, s’est fait tronçonner pour laisser la place au bitume, aux voitures. Les gens ne se rencontrent plus, ne discutent plus, ne rigolent plus, Pagnol n’y retrouverait rien de ce qui fait le bonheur d’un village et la chasse aux bartavelles.

C’est en faisant du stop que notre auteur tombe sur un maire pas comme les autres qui imagine une ville belle par ses arbres et le retour de cette vie amicale sous les frondaisons. Celle ville n’est encore qu’un plan, un rêve. Voilà le maire qui décide de lutter contre cette indifférence : « Il me rappela la nécessité qui s’imposait à lui de se faire aider par un technicien compétent qui partagerait son enthousiasme. Il m’annonça dans la même foulée qu’il avait trouvé la personne qu’il cherchait : une paysagiste qui connaissait tout des arbres et des jardins… »

Le voilà décidé à replanter des arbres, à arborer les routes, à impliquer les enfants des écoles, pour que chacun plante son arbre, il secoue les ministères et noue une complicité avec la belle ville de Nîmes. Les deux élus se souviennent d’une phrase de l’écrivain Jean-Pierre Chabrol qui racontait comment enfant, pour se rendre d’Anduze au marché qui se tenait aux portes de la Camargue, il ne quittait pas l’ombre des arbres. Pourtant, les arbres sont plus bienveillants que tous les smartgrids. Que peut valoir une ville où l’on ne se connait pas, ne se parle pas, où les arbres sont esseulés ?

Je ne vous raconterai pas la fin, un bon auteur de nouvelles ne ménage pas ses lecteurs. Mais ce livre est un petit miracle d’impertinence, de nostalgie et en même temps de futur, je vous conseille de le lire comme on déchiffre un secret. ■




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