Le 101ème Congrès des Maires a pour thème : « Servir le citoyen et agir pour la République ». Un fil rouge qui relie les thèmes majeurs que les élus des communes souhaitent aborder et permet d’y agréger de nombreux autres sujets d’actualités. Nous avons demandé à François Baroin, président de l’Association des Maires de France, comment les maires, face aux incertitudes financières, peuvent-ils relever les défis environnementaux de plus en plus complexes ?
Être maire ou président d’EPCI c’est avoir la passionnante mission de construire un avenir pour l’ensemble d’un territoire et de ses habitants. Bien entendu, cette responsabilité n’est pas exclusive, elle ne repose pas sur les seules épaules des élus locaux mais les communes sont bien à la croisée des enjeux sociaux, économiques et environnementaux. Cette situation confère en quelque sorte une vision à 360° qui explique que personne n’est mieux placé que le maire pour animer la dynamique collective qui permet de préparer un territoire, de le rendre résistant et résilient.
Les enjeux environnementaux ont un impact immédiat sur l’ensemble des autres politiques. Les changements climatiques qui sont déjà en cours, marqueront rapidement et durablement les territoires. Nous allons en particulier devoir apprendre à gérer en permanence des situations de trop ou de trop peu d’eau et les conséquences parfois dramatiques que cela suppose. Parmi toutes les questions environnementales qui se posent à nous, il est essentiel que la question de l’eau soit intégrée dans toutes nos réflexions car elle conditionne notre développement futur mais aussi notre survie.
L’organisation de la gestion de l’eau en France est assez ancienne mais elle est pourtant très innovante. Elle repose sur une gestion partagée entre les acteurs à l’échelle de territoires façonnés par l’eau. Il est indispensable que les Assises de l’eau en cours confortent cette organisation, à l’inverse des ponctions budgétaires répétées et de l’affaiblissement des Agences de l’eau programmé par l’État.
Les restrictions budgétaires que subissent les communes et leurs intercommunalités constituent un obstacle important à leur action tous domaines d’intervention confondus. Investir pour le long terme est évidemment plus compliqué lorsqu’on a juste de quoi faire fonctionner le quotidien.
L’exemple de l’eau est emblématique car force est de constater que plus les enjeux sont importants, connus et reconnus, moins les moyens dont disposent les collectivités pour y faire face sont suffisants. Ce paradoxe délétère auquel les collectivités locales sont confrontées depuis plusieurs années doit cesser dans ce domaine comme dans les autres. Il y a en effet un décalage abyssal entre la communication importante qui est faite au niveau national pour alerter et sensibiliser les citoyens aux grands défis environnementaux et les faibles moyens dont disposent les collectivités pour agir. Pourtant, c’est bien à leur échelle que les leviers d’action efficaces existent. Les élus locaux, faute de moyens, font encore preuve d’ingéniosité mais pour actionner le système à grande échelle et relever les immenses défis environnementaux qui sont devant nous, l’État devra revoir son positionnement vis-à-vis des collectivités et cesser d’être seulement régulateur pour devenir enfin facilitateur. ■
Dans ce dossier :
La Poste, partenaire naturel de la Transition énergétique des collectivités