Valeurs Vertes N°162

Un monde à réinventer

« Rien ne donne une impression plus spectrale que de voir revenir vers soi, dans sa même forme et sa même apparence, ce qu’on croyait depuis longtemps mort et enterré », écrivait Stefan Zweig. Ce que nous vivons aujourd’hui à travers cette pandémie du Coronavirus nous révèle la fragilité et l’orgueil de nos civilisations croyant avoir éradiqué, grâce à une mondialisation au seul but commercial, les fléaux d’autrefois.
Face à une humanité de 7 milliards de personnes, tout peut arriver. Les guerres ont été volontairement circonscrites par des États prédateurs à des régions depuis toujours divisées, en conflits successifs. Mais une épidémie n’a ni frontière, ni hiérarchie… Elle s’étend aujourd’hui sur toute la planète, une unité dont nous nous serions bien passés. Elle révèle nos faiblesses : systèmes de santé moins soutenus que l’industrie du sport, mensonges et errements des États, évasions de nos impôts, de nos industries et de nos savoir- faire. Mais elle révèle aussi nos forces, une humanité souffrante qui fait face grâce à des soignants héroïques. On s’en sortira, mais il faudra changer de valeurs. Oublier la Médecine au rabais, lui donner des moyens et aussi redonner son lustre à la Science. Je ne peux m’empêcher de penser à tous ceux et celles qui n’ont pas arrêté depuis des années de décrier les vaccins et qui aujourd’hui se taisent, attendant que l’on trouve un vaccin pour lutter contre l’épidémie. Je ne peux m’empêcher de penser à tous ceux et celles qui fermant les yeux sur les conditions de travail de certains pays ont consommé sans compter vêtements, voyages, et autres objets sans réfléchir à l’impact de leurs comportements sur le monde. A la sortie du tunnel, nous ne devrons pas oublier tous ceux qui ont eu le courage de combattre, du grand professeur de médecine à l’aide-soignant, des employés qui ont ramassé les déchets à ceux qui ont assuré la livraison des vivres. Ce Coronavirus est une malédiction mais il nous révèle que le monde sensible peut se venger, que les liens du vivant, biodiversité comprise, nous sont d’une nécessité absolue pour continuer l’aventure humaine. Ce Coronavirus est une maladie des mégapoles, il éclaire d’une lumière crue les inégalités et les absurdités que notre civilisation n’a cessé d’entasser au fil du temps. Il sera temps dans quelques mois de redonner du sens au mot Humanité.

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