Francis Hallé
Actes Sud – 60 pages 8 euros
Francis Hallé, botaniste et biologiste, fait partie de ces voix qui se sont élevées les premières pour défendre la biodiversité et qui à travers le radeau des cimes, nous ont montré sa richesse et son importance.
Il n’a pas besoin de tartiner des pages entières pour nous faire partager dans son petit livre paru tout récemment chez Actes Sud, son projet afin de réunir « les conditions d’un retour d’une forêt primaire de basse altitude en Europe de l’Ouest ».
C’est lors d’un festival de journalisme à Couthures-sur Garonne, prés de Marmande qu’il a rencontré Eric Fabre. Ensemble, ils ont défini le concept d’une forêt primaire renaissante en Europe.
Francis Hallé qui fait si bien « l’éloge des sublimes forêts primaires en Amazonie » où il étudie l’architecture des arbres tropicaux, s’est aperçu lors de cette manifestation que pour la plupart des forestiers professionnels présents la forêt idéale est une plantation de sapins, des Douglas comme dans le Morvan ou le Limousin et où l’on pratique souvent la coupe à blanc.
Quelques mois après cette manifestation, Francis Hallé et Eric Fabre à travers une sorte d’assemblée constituante ont fondé le projet de renaissance d’une forêt primaire en Europe.
C’est cette aventure qu’il nous raconte dans son manifeste et pourquoi nous devrions tous y adhérer.
Pourquoi ? Parce qu’une forêt primaire est « une forêt haute dont les arbres les plus âgés atteignent chacun dans sa propre espèce des dimensions maximales, en hauteur, en diamètre basal de leur tronc et aux étendues de leurs racines. Grâce à ces arbres vivants ou morts, les sols deviennent particulièrement fertiles et la diversité biologique est maximale. »
Il rappelle que ces arbres contrairement à ceux qui composent les forêts monospécifiques doivent être de plusieurs espèces et de tout âge. Les forêts pour lui qui ne sont composées que d’un seul type d’arbre ne sont pas des forêts mais des plantations… Il existe encore une forêt primaire en Europe, en Pologne, celle de Bialowieza, mais une menace dramatique pèse sur elle.
Le président Polonais, Duda, n’est pas un tendre et pour lui cette forêt est juste une zone de chasse et d’exploitation forestière ! Francis Hallé souligne les bienfaits de la marche en forêt et ce « sentiment océanique » qui parfois nous submerge à la fois comme un « déferlement de poésie et de beauté ».
Lisez ce livre, vous comprendrez que notre auteur nous livre là ses pensées les plus personnelles. Elles expliquent bien son chemin. Peut-être vous poserez-vous les mêmes questions : pourquoi est-il si dur de vivre dans une société qui oublie de voir la beauté et de la célébrer. Pour lui , les forêts constitueront le meilleur témoin du dérèglement climatique. il sera essentiel de voir comment se fera leur adaptation à un tel changement.
