Marchélepot : une ferme connectée à la biodiversité

Marchélepot : cette ferme de référence de plus de 130 hectares dans la Somme, bénéficie de toutes les technologies de pointe. Une expérience grandeur nature, à la fois scientifique et humaine, qui dessine les contours de ce que pourrait être l’agriculture demain : protéger la biodiversité en fournissant une alimentation saine et assurer aux agriculteurs un niveau de vie décent. Sandrine Leblond, ingénieur agronome, experte abeilles et biodiversité chez BASF, nous en dit plus sur ce projet baptisé BiodiversID lancé en 2011.

 

Valeurs Vertes : Quel est l’objectif de ce projet ?
Sandrine Leblond : Démontrer que l’on peut conjuguer une agriculture rentable et respectueuse de la biodiversité. Il s’agit de faire un diagnostic sur la biodiversité présente sur l’exploitation agricole et réaliser, grâce l’implication des agriculteurs, un état des lieux permettant d’établir des indicateurs fiables.
La première étape consiste à faire ce diagnostic sur les pratiques agricoles et à déterminer le nombre de personnes nourries par les productions de la ferme. La cartographie de l’exploitation, réalisée par l’agriculteur, permet d’identifier les milieux et de détailler leur connectivité pour localiser les comptages et proposer des aménagements. BiodiversID met à disposition une plateforme de saisie de données, fournit des fiches d’état des lieux par milieu étudié tels que fossés, arbres isolés, bandes enherbées, haies, jachères, bosquets, mares et murets.
Des formations et des journées techniques sont proposées aux agriculteurs, organisées avec les experts du programme.

V.V. : Comment s’effectuent les suivis de biodiversité ?
S.L.: Avec les agriculteurs et de nombreux experts sur le terrain : entomologistes, ornithologues, spécialistes des auxiliaires de cultures, du sol, afin d’établir un bilan de la biodiversité présente. Le protocole consiste en un comptage, comme pour les insectes polinisateurs. Sont recensés abeilles domestiques, de nombreuses espèces d’abeilles sauvages, bourdons, mouches, papillons, etc. Nous suivons les abeilles mais aussi perdrix, faisans, alouettes des champs, pluviers, etc. Après l’état des lieux et le comptage, l’innovation sera mise au service de cette biodiversité pour la conserver et l’enrichir. C’est le thème qui nous rassemble tous agriculteurs, scientifiques, industriels, et aussi apiculteurs qui travaillent en lien étroit avec les agriculteurs.

V.V. : Quel exemple pourriezvous nous donner ?
S.L.: Celui que nous avons mis au point avec les balances connectées. La ruche posée sur une balance connectée possède une antenne permettant d’envoyer à distance le poids de la ruche. Le soir, selon le poids de la ruche, l’apiculteur saura si ses abeilles ont entré du nectar, du pollen… À toute heure, il pourra procéder à des analyses et veiller à leur alimentation.
Nous pouvons également fournir l’analyse du potentiel pollen (seule source de protéine des abeilles) sur une zone de production agricole grâce à la cartographie de l’exploitation. Suivant les saisons, nous avons établi un planning annuel de la biodiversité avec l’ouverture de la plateforme connectée. D’avril à juillet les journées de formation et de comptage ont lieu. De septembre à février nous analysons les résultats. Toute l’année, la mise en place d’aménagements sur les exploitations répond à ces observations.
Le nombre d’agriculteurs qui entrent dans le réseau a été multiplié par trois depuis 2011. Ils ne perçoivent aucune rémunération et rien ne leur est facturé. Comité scientifique et agriculteurs ne ménagent pas leurs efforts. ■




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