Mobiliser l’opinion

Le plastique fait la une de l’actualité, quels constats et quelles solutions, comment l’entreprise Veolia peut-elle faire face à ces nouveaux challenges Entretien avec Marc-Antoine Belthé, directeur commerce, valorisation et innovation.  

Valeurs Vertes : La production des plastiques a été multipliée par 50 en 50 ans. Selon la FNADE seulement 7% proviennent de plastiques recyclés et 93% sont issus de la matière vierge. Comment relever le défi du recyclage face à une production croissante ?
Marc-Antoine Belthé :
Initié par des PME depuis près de 50 ans, le recyclage des plastiques s’accélère depuis 5 ans avec l’arrivée de groupes industriels comme Veolia, et de plus en plus d’utilisateurs de plastiques recyclés, porté à la fois par un mouvement d’opinion, des incitations réglementaires ou fiscales, et des bénéfices économiques et environnementaux qu’il procure. Notre ambition qualitative poussée par les exigences des utilisateurs est très forte en matière de recyclage. Le prix des plastiques recyclés est en concurrence avec le prix de la matière vierge, indépendamment des coûts de l’ensemble de la chaîne du recyclage. Ce difficile équilibre économique est un frein au développement du recyclage. Nous voulons tous que le recyclage se développe mais cela nécessite que tous les acteurs concernés par le cycle de vie du plastique s’impliquent. La mobilisation de l’opinion publique et une prise de conscience de tous sur les problématiques de fin de vie du plastique sont nécessaires.

V.V. : On constate, surtout dans les grandes villes à l’habitat horizontal, que le tri et la collecte restent difficiles. Quelles solutions préconiser et comment mobiliser plus de ressources ?
M-A.B. :
Il faut mobiliser les citoyens pour aboutir à une meilleure collecte. La conscience du consommateur est un levier. L’extension des consignes de tri va dans le bon sens, tout comme les modèles de collecte basés sur la performance. Avec ces contrats, les producteurs de déchets payent un coût pour leurs déchets en fonction des volumes générés. Au-delà des schémas usuels, des innovations permettent d’espérer des solutions à grande échelle.
Comme « Yoyo » par exemple, une start up qui vise à récompenser les bons trieurs regroupés au sein d’une communauté agissant dans un programme de “consigne” collaborative. Les bons trieurs/collecteurs sont récompensés par des réductions sur des spectacles, des musées, etc.
La mise en place du dispositif Yoyo dans certaines villes a un impact significatif sur le rendement du tri sélectif, avec plus 10% parfois. Le dispositif est en déploiement à Lyon, Marseille et Bordeaux, et principalement dans des zones d’habitat vertical.

V.V. : Quelles sont les solutions innovantes et les nouvelles technologies qui pourraient être mises en place et permettre une plus grande qualité et quantité du tri ?
M-A.B. :
La modernisation des centres de tri est une démarche d’amélioration continue avec le tri optique ou le tri optimisé. Aujourd’hui, Veolia innove et combine technologies de tri optique, robotisation et intelligence artificielle. Le système de tri devient alors auto-apprenant : le robot va tirer les leçons de ses propres erreurs et améliorer son efficacité. Nous avons installé cette technologie dans un centre de tri à Amiens. C’est une première en France et cela ouvre beaucoup de perspectives de progression du tri des matières valorisables !
Les extensions de consignes de tri vont s’accompagner d’une évolution du maillage et de la typologie des centres de tri. Des centres de sur-tri vont apparaître dans le paysage.

V.V. : Quel est à terme l’avenir des centres de stockage ?
M-A.B. :
Les centres de stockage sont indispensables et permettent de maîtriser le traitement des déchets ultimes. Même si nos modes de consommation évoluent, ces centres traiteront la partie non valorisable incompressible, mais aussi les flux issus de nos consommation passés, comme les sites pollués par exemple. Ce sont aujourd’hui de véritables unités industrielles, maîtrisant leurs technologies et éliminant toute nuisance sur l’environnement, également producteurs significatifs d’énergies renouvelables issues de la valorisation du biogaz. ■




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