Nouveau gouvernement sur le chemin des transitions ?

Depuis des années, politiques, industriels, économistes et associations recherchent la martingale idéale pour résoudre des problèmes qui sont intimement liés. L’évolution inquiétante du climat, victime d’un développement économique mondial, ou l’arrivée soudaine d’une pandémie liant la bonne santé des humains à celle de l’environnement et des écosystèmes, en sont deux illustrations parfaites.

Le nouveau gouvernement de Madame Elizabeth Borne n’aura pas la tache facile. Il devra notamment combattre les fausses solutions, les idées toutes faites et certains partis pris ne reposant que sur des intérêts particuliers. Il devra rassurer toute une génération qui craint de vivre des crises majeures comme les canicules, la désertification, l’érosion du littoral, des pandémies inconnues. Devant autant de craintes, comment éviter de suivre le joueur de flûte de Hamelin ou de se noyer comme les moutons de Panurge.
Le grand regret que nous avons depuis bientôt 30 ans chez Valeurs Vertes, c’est de voir parfois apparaître des apparatchiks spécialisés qui conduisent le système à toujours plus d’interdits et de complexité. Même si le principe de précaution est inscrit dans la constitution et dans un Code de l’Environnement déjà bien épais, chaque ministre (et ils ont été trop nombreux) en rajoute, alors qu’il suffirait parfois d’appliquer ce qui est déjà applicable. Récemment les lois AGEC ou EGALIM ont montré leurs limites. Des bordées de décrets ajoutés aux directives européennes les contredisant parfois, ont créé un ensemble manquant de lisibilité.

Il y a dans nos affaires d’état environnementales, la tentation des mandarins aux bas rouges qui immobilisèrent la Chine dans une administration figée par un concours en neuf parties et dont le programme confucéen datait de plusieurs siècles. L’écologie, l’énergie, l’économie sont en éternelle mutation. Prise de conscience, solutions à trouver : le terme transition trouve là toute sa place. Robert Poujade, le tout premier ministre de l’Environnement avait déjà décrit en 1971, toute la difficulté de cet exercice. Dans un livre, il alla jusqu’à qualifier son ministère, de ministère de l’impossible.

Madame Borne n’ignore rien des arbitrages quotidiens qu’elle aura à effectuer. Les enjeux liés à la mobilité et aux transports lui rappelleront son passage à la tête de la RATP, ceux de la RSE, son passage au ministère du Travail et ceux de l’énergie et de l’écologie, son année au ministère de l‘Environnement après la démission de Nicolas Hulot.

Elle sera épaulée par Amélie de Montchanin, ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, Christophe Béchu, ministre délégué auprès du ministre de l‘Intérieur et de la ministre de la Transition écologique et

de la Cohésion des territoires, et Agnès Pannier- Runacher, ministre de la Transition énergétique. Les mots « transition » et « territoire » ont remplacé les mots « environnement » et « développement durable ». Cela signifie-t-il que les décisions seront plus efficaces et les solutions plus appropriées ? Selon la définition du dictionnaire, le mot transition signifie « passer de l’expression d’une idée à une autre en les reliant par le discours », « passage d’un état à un autre, en général lent et graduel », « état intermédiaire ». D’où le terme de planification écologique qui fait référence à ce temps long.
Les sociétés humaines différent des écosystèmes naturels parce qu’elles sont tout aussi influencées par des considérations d’ordre technologique que par l’environnement dans lequel elles vivent. Voilà le difficile exercice que devra résoudre la nouvelle équipe. Rester proche du terrain, aider les solutions réalistes et applicables en matière d’énergie, résister au bateleurs qui promettent la lune et le succès dans les médias. Elle devra aussi concilier de nouvelles façons de consommer et de produire tout en maintenant ce subtil équilibre entre les décisions centralisatrices et la vie foisonnante des territoires. Sans oublier que ce sont ces derniers qui sont à la manœuvre… sur le terrain.




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