Réussir la transition énergétique

Nous avions demandé avant le premier tour des municipales à André Santini, maire d’Issy-les-Moulineaux, ce qu’il pensait d’une transition énergétique sur le terrain et de l’initiative dans ce domaine de la ville d’Oslo. Cet entretien témoigne aujourd’hui de l’existence de solutions utiles et innovantes.

Valeurs Vertes : Que vous inspire l’initiative de la ville d’Oslo qui définirait des objectifs annuels de réduction de gaz à effet de serre ? Est-ce transposable à une ville comme Issy-les-Moulineaux ?
André Santini : La ville d’Oslo a adopté en 1996, un « budget C02 », qui fixe des objectifs annuels de réduction des émissions de gaz à effet de serre. C’est une démarche très pragmatique et j’ai décidé de m’en inspirer pour Issy-les-Moulineaux.
De quoi s’agit-il ? Les objectifs définis par l’Accord de Paris sur le climat à horizon 2030 et 2050 sont ambitieux, mais cela paraît encore lointain. Nous faisons souvent l’erreur de fixer des objectifs à long terme, qu’il est facile de repousser à mesure que la date limite approche. En fixant des objectifs annuels, on avance pas à pas, mais on avance.
Il ne s’agit pas seulement d’une contribution importante à la lutte contre le changement climatique. Ces efforts auront nécessairement des effets positifs sur la qualité de notre environnement.

V.V. : Vous avez lancé plusieurs projets pour élaborer une transition énergétique de terrain. Quelles sont les pistes les plus prometteuses ?
A.S. : La décennie 2020 sera dominée par la lutte véritable contre le changement climatique, car la prise de conscience s’affirme toujours plus dans les populations. Nous devons nous y préparer, anticiper et adapter nos villes. On voit bien que les États ont du mal à prendre des mesures fortes ; ce sont les villes, les entreprises et les citoyens qui vont faire avancer les choses. Il ne s’agit pas seulement de planter des arbres, comme on l’entend souvent. Végétaliser est nécessaire, mais cela ne sera pas suffisant.
Il faut anticiper, par exemple, le fait que la population voudra investir dans la climatisation – gourmande en énergie – pour affronter les canicules. Nous travaillons sur la construction d’un ré- seau de froid urbain pour, dans un premier temps, remplacer les systèmes individuels de climatisation des entreprises et disposer de pièces rafraîchies dans les logements, notamment sociaux. Nous travaillons aussi sur l’utilisation d’énergies non fossiles pour chauf- fer les logements, soit en utilisant le réseau des eaux usées, soit avec l’hydrogène ou la géothermie.

V.V. : Depuis 15 ans vous menez une action en profondeur en faveur d’un développement soutenable, pour quels résultats ?
A.S. : Vous avez raison de rappeler que nous n’avons pas attendu l’Accord de Paris pour agir. Nous avons été parmi les premiers à adopter un Plan Municipal d’Environnement (en 1991) et nous comptons aujourd’hui deux éco-quartiers opérationnels (Fort d’Issy et Bords de Seine) et un en construction (Cœur de Ville). On peut aussi évoquer l’importante action de rénovation urbaine mise en œuvre depuis des an- nées, l’électrification de nos lignes de bus urbains et de 84 % de la flotte automobile de la mairie, l’offre de véhicules électriques en autopartage (vélos, scooters, voitures) et les initiatives liées à la Smart City (IssyGrid) pour mieux gérer les consommations d’électricité, l’opendata pour le stationnement… Toutes ces actions produisent déjà des effets puisque, selon une étude du cabinet Inddigo, nous avons déjà diminué de 26 % à Issy nos émissions de gaz à effet de serre depuis 2005.
Dans le domaine de l’eau – pour mémoire je préside le Syndicat des Eaux d’Ile de France, qui regroupe 151 communes – nous sommes en pointe, puisque le SEDIF est le premier service d’eau neutre en carbone, au travers notamment de son Plan climat-énergie adopté en octobre 2017. ■




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