Green is the new gold, il y a de l’or dans nos poubelles

Philippe Loïc-Jacob
Éditions Le cherche midi
188 pages -19 €

Si vous reveniez en arrière vous n’en croiriez pas vos yeux ! Il y a 25 ans, les poubelles débordaient, les bois et les coins de campagne regorgeaient de décharges à ciel ouvert, inspirant les Frères Jacques qui en avaient fait une chanson amusante. Sur les bords des routes les gens jetaient des objets par les portières de leurs voitures, tandis que d’autres vidangeaient leur véhicule dans la nature, se débarrassaient des vieux bidons et autres objets polluants. Les déchets ménagers envahissaient notre cadre de vie et finissaient par s’y intégrer.

En 1970, Antoine Riboud, alors président de BSN, avait prononcé un discours extraordinaire et visionnaire qui décrivait les bases de la responsabilité sociétale de l’entreprise en France. Vingt ans plus tard il lançait avec Jean-Louis Beffa, patron de Saint-Gobain, une initiative qui allait associer non seulement les industriels, mais aussi les collectivités locales, pour endiguer cette montagne de déchets.

Ce n’était pas gagné d’avance. Il fallait des moyens, des idées et cette opiniâtreté qui caractérisait Riboud. Le monde changeait, l’aventure spatiale avec la terre vue du ciel, la démographie galopante, la consommation, rendaient nécessaires non seulement le ramassage, le tri, mais à terme le recyclage des déchets. En améliorant le cadre de vie des citoyens, on sauvait aussi les entreprises et d’autres se créaient. Les industries du déchet et du recyclage, peu à peu, trouvaient leurs bénéfices et les nombreuses innovations amélioraient les process. Il y avait de l’or dans nos poubelles, mais le vrai succès d’Eco-Emballages c’était d’avoir su convaincre le citoyen de faire l’effort de jeter en triant. Leurs ambassadeurs du tri, des jeunes issus des Minguettes, prenaient leur tâche à coeur, fiers de leur travail et de leur engagement en faveur de l’environnement, apprenant aux habitants de leurs cités à trier correctement.

Dans ce livre, bien écrit et documenté, Philippe-Loïc Jacob nous fait découvrir l’histoire d’Eco-Emballages, des élus qui se sont engagés, comme Jean-Paul Delevoye, puis Jacques Pélissard et tous les maires de l’AMF (l’Association des Maires de France). Vous y trouverez tous les détails de cette aventure entrepreneuriale et mutualiste. Quant aux chiffres, ils parlent d’eux mêmes. Citons le taux de recyclage passé de 18% à 68% en 25 ans ; le geste de tri devenu le premier geste citoyen avec 56 millions de tonnes d’emballages recyclées depuis 1992 et plus de 9 milliards d’euros investis dans le dispositif du tri et du recyclage.

L’innovation qui, à travers l’éco-conception, a permis d’éviter 106 000 tonnes d’emballages entre 2007 et 2012. Les 3,3 millions de tonnes d’emballages recyclés ont, en 2016, économisé l’émission de 2 millions de tonnes de CO2. Enfin, 50 000 entreprises sont clientes d’Eco-Emballages, c’est dire l’importance économique et écologique de cet éco-organisme.

Si en septembre Eco-Emballages a changé de nom pour désormais se nommer Citeo il ne faut pas oublier cette saga de 25 ans. Ce livre nous rafraichit la mémoire, il nous permet de retrouver ceux et celles qui sont à l’origine de cette réussite. Préfacé par Jean-Louis Beffa et Franck Riboud, c’est un ouvrage clair et utile, illustré des photos émouvantes des fondateurs…

À lire, pour comprendre cette aventure entrepreneuriale et citoyenne qui n’est pas terminée. ■




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